Paris : Chausson, Prokofiev, Rautavaara
(Deutsche Grammophon) mars 2021
Voici, enregistré avec l’orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Mikko Franck, le dernier album de la violoniste américaine Hilary Hahn. Celle qui est considérée comme une des meilleures violonistes de sa génération, nous fait voyager dans la capitale française, chère à son coeur. En effet, Paris est une ville où elle joue régulièrement depuis son enfance et où elle a séjourné à de nombreuses reprises dans le cadre d’une résidence avec l’orchestre Philharmonique de Radio France.
Elle a choisi, pour ce programme, des oeuvres qui, si elles appartiennent à des époques et des styles différents, entrent en résonance, selon elle, avec l’esprit de Paris qui incarne, à ses yeux, la rencontre des cultures.
La première oeuvre choisie est le Poème pour violon et orchestre d’Ernest Chausson, compositeur français (1855-1899). Considérée comme une des pièces les plus prestigieuses du répertoire concertant pour le violon, c’est une oeuvre réellement fascinante avec énormément de contrastes. Hilary Hahn excelle dans les changements de caractères demandés par la partition, tantôt douloureux, tantôt animés, à la limite de la violence.
Nous entendons ensuite le Concerto n°1 en Ré Majeur de Serge Prokofiev. Cette oeuvre composée en 1917 ne sera pas jouée l’année de sa création en raison des évènements révolutionnaires et sera donc interprétée pour la première fois, cinq ans après, à Paris. Ce concerto allie à la fois les prouesses techniques, et la délicatesse des sonorités comme dans la coda du premier mouvement. Hilary Hahn, encore une fois, marie admirablement les deux langages et nous plonge dans cette oeuvre virtuose avec beaucoup de brio.
Enfin, la dernière oeuvre est un hommage à Einojuhani Rautavaara, compositeur finlandais décédé en 2016. Cet enregistrement de ses Deux sérénades est une première mondiale puisqu’il a composé spécialement ces deux pièces pour Hilary Hahn et le chef Mikko Franck quelques mois avant sa mort. La première Sérénade pour mon amour est nostalgique, écrite pour cordes uniquement. La Sérénade pour la vie, plus animée et colorée, ajoutant les vents de l’orchestre, finit par une brève exclamation de joie qui clôt brillamment ce disque.
Je recommande vivement cet album où Hilary Hahn nous subjugue par son jeu à la fois d’une technique parfaite et d’une sensibilité qui ne peut laisser indifférent, le tout remarquablement accompagné par Mikko Franck à la tête de l’orchestre Philharmonique de Radio France.
# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine
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