Comédie dramatique d’après le roman éponyme de Philippe Besson, mise en scène et adaptation de Mathieu Touz, aec Maud Wyler, Yuming Hey et Mathieu Touzé. Plateau nu, musique électronique, lumière stroboscopique dévoilant par intermittence trois personnages, figés alternativement dans leurs postures respectives, sans se regarder ni se toucher. Ainsi s’ouvre l’adaptation par Mathieu Touzé du roman éponyme de Philippe Besson "Un garçon d’Italie", en un prémice habile du récit introspectif à trois voix de la mort par noyade du jeune Luca à Florence.
Sur scène ils sont donc trois, Luca, le disparu, interprété par le charismatique Mathieu Touzé, Anna sa compagne, jouée par la poignante Maud Wyler et Leo incarné par le très juste et très sensible Yuming Hey, livrant tour à tour leur expérience très personnelle du drame qu’ils traversent.
Sans artifice autre qu’un mur de fond de scène servant très rarement à la projection d’image, Mathieu Touzé signe une mise en scène fluide et très stylisée qui fait la part belle au texte et au jeu des acteurs.
La prise de parole des différents personnages est savamment orchestrée par un jeu de lumière (fruit du travail très précis de Renaud Lagier) et une scénographie graphique tout en alignements et changements de perspectives, grâce aux positionnements toujours réfléchi des comédiens dans cette boîte noire scénographique où ils se retrouvent piégés, véritable symbole de leur espace mental.
Par petites touches, sans aucun dialogue et uniquement à partir de monologues Mathieu Touzé arrive à faire appréhender aux spectateurs le tableau contrasté de la vie et des amours de Luca, le poète égoïste en quête de jouissance et amoureux de la vie, d’Anna l’entrepreneuse décidée volontaire et sexy, et de Leo, le jeune homme de la rue, dont la difficile expérience lui a donné une grande sagesse mais également une certaine dureté.
La réussite du spectacle tient en grande partie à l’écriture ciselée de Philippe Besson qui livre une tranche de vie dure mais racontée avec finesse et pudeur par des personnages tout sauf manichéens.
Un récit poignant et une adaptation habile, merveilleusement servie par la distribution et dont on ressort un peu troublé.
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