Comédie dramatique d'après le roman éponyme de Jack London, mise en scène de Richard Arselin, avec Franck Etenna, Luca Lomazzi, Véronique Boutonnet et Olivier Deville.
Après l'adaptation sensible de la fresque "C'est la guerre" de Louis Calaferte et l'époustouflant "Monte Cristo" d'après l'oeuvre d'Alexandre Dumas, Véronique Boutonnet s'est penchée sur le mythique roman initiatique "Martin Eden" de Jack London.
Paru en 1909, ce roman d'apprentissage en partie autobiographique relate la quête d'un jeune marin issu des bas-fonds aspirant à l'écriture pour s'extraire de sa condition et Véronique Boutonet l'a abordé avec la volonté, indique-t-elle, de raconter le voyage intime dans la création à travers le voyage dans les mers du Sud que fit l'auteur à bord de son navire Le Snark.
Elle y parvient au terme d'un travail d'adaptation et d'écriture procédant à l'imbrication du réel et de la fiction, de la quête douloureuse de l'auteur et de la lutte sociale de son héros de papier et alter ego et la réussite est au rendez-vous pour ce nouveau spectacle de la Compagnie Les Ames libres orchestré de manière cinétique par Richard Arselin. Celui-ci signe également le décor de "bouts de ficelle" ressortant au théâtre pauvre, des cordes, des planches et quelques objets qui se recombinent à l'envi au fil des différents lieux scéniques et les lumières toutes en clair-obscur. Au jeu, immédiatement les comédiens, tous émérites, embarquent le public dans cette double fresque épique. Aux côtés des multi-rôles Luca Lomazzi et Olivier Deville, Franck Etenna à l'imposante stature campe magnifiquement Jack London le ténébreux et Martin Eden le révolté et Véronique Boutonnet la femme aimante du premier et l'amour raté du second. Evitant tant le naturalisme mièvre que le lyrisme compassé qui guettent ce genre théâtral en se consacrant à l'humain, ils dispensent un spectacle immersif hautement addictif. |