Réalisé par Kotaro Tamura. Japon. Animation. 1h30 (Sortie 16 juin 2021).
Il y a quelques semaines, on a pu voir "Ongaku, notre rock" de Kenji Iwaisawa, un film d'animation nippon qui ne répondait pas aux codes traditionnels en matière de dessin.
Avec "Josée, le tigre et les poissons" de Kotaro Tamura, on les retrouve : gros yeux ronds, tout petit nez et grande bouche des personnages, décors très colorés où alternent les atmosphères urbaines et l'immersion dans la nature, en l'occurrence ici dans la mer puisque le héros Tsuneo pratique la plongée sous-marine.
Jeune étudiant pauvre et sans attaches familiales, celui-ci voit sa vie changer quand il rencontre Josée, une petite paralytique un peu plus âgé que lui. Il va devenir celui qu'elle appellera, d'abord de manière un peu méprisante, "son serviteur", puis avec de plus en plus de tendresse...
Si l'animation du film de Kotaro Tamura est très classique, elle est cependant toujours fluide, avec un beau sens du mouvement dans le passage entre les scènes, le réalisateur ayant été longtemps "story-boarder". Tous les personnages qui y apparaissent gagnent peu à peu en épaisseur et le récit en complexité.
De Kana, la bibliothécaire qui partage avec Josée une passion commune pour les romans de Françoise Sagan, aux amis de Tsuneo, Hayato et Maï, qui travaillent avec lui dans un magasin de plongée, en passant par la grand-mère de Josée, tous existent vraiment dans cette moderne évocation de "La Petite sirène". Évocation inversée puisque c'est Tsuneo qui va sacrifier pour Josée sa vie de plongeur sous-marin pendant qu'elle-même doit affronter le "tigre" qui la maintient dans la peur des autres.
"Josée, le tigre et les poissons" de Kotaro Tamura ne cache jamais son jeu : c'est un pur mélo. Il contient de très belles scènes comme celle où Josée présente aux enfants de la bibliothèque le livre illustré qu'elle a écrit et dessiné, et qui, lui aussi, est une variation autour d'Andersen et de sa petite Sirène.
Le film devrait plaire aux enfants qui savent déjà lire et aux adultes qui n'ont pas peur de sortir leurs mouchoirs et d'être touchés par des personnages crayonnés. Une fois de plus, il démontre que l'animation japonaise s'adresse à la fois à ceux qui ont le cœur sensible et n'hésitent pas à s'enfoncer dans le labyrinthe de leur imaginaire.
Une vraie réussite, simple et évidente. |