"Cyclotimic est en fait une contraction de cyclothymique (d’humeur changeante, donc) et de imic (qui a été la première interface entre éléments hifi (ampli, enceintes) et un ordinateur). En d’autres termes : des chansons. En d’autres termes : des chansons cyclothymiques (dans un monde cyclothymique), destinées à tous : du collectionneur audiophile (qui prendra le vinyle numéroté) au "consommateur" de musique numérique. Du moment qu’ils soient mélomanes..."

Dans une des photos pour la promotion de ce disque, Marc Sarrazy et Laurent Rochelle apparaissent masqués et chapeautés façon Arsène Lupin. Des gentlemen cambrioleurs de leurs propres chansons. Des chansons qui se transformeraient en work in progress. Une sorte de puzzle, un tangram, du cut-up où les deux musiciens réutiliseraient, réarrangeraient, restructuraient des bouts de morceaux déjà enregistrés sur leurs disques Chansons pour l’oreille gauche et Intranquillité.

Ce nouveau matériau sonore permet au duo de faire évoluer sa musique, passant du rapport piano / clarinette basse ou saxophone soprano à quelque chose de plus étoffé, avec de l’électronique par exemple mais également des invités comme le rappeur américain Mike Ladd, le bassiste Cyrille Marche, la chanteuse Manel Cheniti, le pianiste Frédéric Schadoroff ou l'écrivain Antoine Volodine. Les jeux sur les timbres, sur les rythmes, sur les lignes mélodiques sont toujours là mais dans un environnement différent.

S’ajoutent également des samples de films : Fantômas (André Hunebelle, 1964), Sholay (Ramesh Sippy, 1975), Dans la peau de John Malkovitch (Spike Jonze, 1999), de musique : Kam de Bolot Bairyshev, des Dialogues des carmélites de Francis Poulenc. Le cinéma également au cœur de ce disque, mais plus qu’au niveau des images mentales c’est au niveau de la construction, du rythme, des atmosphères que cela se ressent. Une nouvelle dimension musicale étrange, énigmatique mais pénétrante.