3 ans déjà que les 4 de Clearlake écument les studios accompagnés d'une armée de pointures du tatapoum (Steve Osborne, Jim Abbiss, Phill Brown) et empilent un à un les morceaux de leur nouvelle galette… et voila Amber, le bébé tout chaud, sorti sur le label Domino, celui la même qui les accueillit dès leur formation en 2000.
Signe des temps, les anglais ont sorti les guitares. Des guitares froides comme l'acier, qui crachent en boucle des riffs malades ponctués de soli asthmatiques et crasseux.
Méthodiquement, Clearlake assemble les différents éléments de son rock stoner jusqu'à dresser un véritable mur de guitares. Les sons sont méticuleusement entassés, torturés …..
Mais Clearlake a plus d'une corde à son arc et fait le grand écart ; car au dessus de cette machinerie implacable, plane la voix chaleureuse de Jason Pegg, nichée dans un écrin de chœurs éthérés. Et c'est sur cette dualité que repose toute l'architecture des 12 titres de ce disque. D'un coté, un son noisy, compact, oppressant, de l'autre une production rutilante et des voix mélodieuses. On se retrouve projeté 15 ans en arrière en plein Shoegazing…
Ici, la monotonie d'un rock aux riffs dépourvus de toute trace de groove, martelé sur fond de batterie quasi militaire, côtoie un sens de la mélodie aiguisé.
Clearlake nous prend par la main et nous entraîne dans un dédale de ruelles noires et crasseuses nous laissant parfois apercevoir la lumière blafarde d'un néon déglingué.
Au final, une musique malade, sombre, suffocante, parfois inconfortable mais enrobée d'une bonne couche de vernis mélodique.
L'excellent "No Kind Of Life" d'ouverture plante progressivement le décor et résume à lui seul toute la musique du groupe. Parmi les morceaux qui sortent du lot on retiendra aussi "I Hate It That I Got What I Wanted" et son refrain catchy, "Neon" et son harmonica déglingué ou l'étrange "Its Getting Light Outside" final.
Mais malgré son goût pour le travail bien fait, le groupe livre un album inégal qui peine parfois à nous faire réellement décoller. A trop jouer avec les effets de chaud & froid, Clearlake vire parfois au tiédasse et peine à se renouveler…
Trop de morceaux se contentent d'étirer au maximum un riff de guitare sans grande saveur ("Here to learn"), quand à l'inverse on regrette le peu de place laissé à la basse. Le jeu de batterie quand à lui est même parfois carrément pénible ("Far Away" ou le martèlement robotique atteint son paroxysme). Au final certains morceaux frisent l'enlisement quand ils ne sont pas dispensables "Dreamt that you died").
Mais ne nous y trompons pas, le talent est bien là (sous la surface du lac) et c'est sur les morceaux plus acoustiques ("You can't have me") que le groupe nous touche le plus, on pense d'ailleurs beaucoup à leur compatriotes d'Elbow.
Pour résumer , Clearlake a bien travaillé et rend une copie de bon niveau mais qui aura tout de même du mal à captiver nos oreilles sur la longueur. Dommage , car on sent qu'avec tant de maîtrise, le groupe a presque toutes les cartes en mains pour accoucher de pépites.
Sans doute le groupe gagnerait-il à se tourner vers Albion plutôt que de lorgner vers le Nouveau Monde… |