Illustrateur et directeur artistique dans un studio d’animation indépendant à New York, Tim Probert publie en 2020 son premier comics jeunesse chez HarperAlley aux Etats-Unis.
En 2021, le premier tome de Lightfall, La Dernière Flamme, débarque alors aux éditions Gallimard Jeunesse.
Dans un monde où la nuit ne tombe plus, Bea vit avec son grand-père, un illustre cochon-sorcier. Alors qu’elle parcourt la forêt pour collecter les ingrédients nécessaires à la concoction d’une potion, elle tombe nez à nez avec Cad, une drôle de créature végétarienne qui prétend faire partie d’un peuple supposément disparu depuis des siècles, justement à la recherche du fameux sorcier. La jeune fille décide alors de le guider jusqu’à son grand-père, mais c’est malheureusement une maison vide qui les accueille avec pour seul indice un parchemin adressé à Bea dans lequel son grand-père lui demande de ne pas partir à sa recherche et de surtout veiller coûte que coûte sur une fiole dans laquelle brûle un feu constant. Bea et Cad, ignorant les mises en garde, vont alors s’allier et partir en quête du cochon-sorcier.
Dans ce récit, Tim Probert s’approprie tous les codes des récits de fantasy classique : un monde imaginaire peuplé de créatures fantastiques, des civilisations légendaires, une quête, de la magie, un héritage, une sombre menace qui plane, des amitiés qui se créent au long du périple, tout y est et si on pourrait imaginer que c’est du déjà vu, force est de constater que c’est toujours diablement efficace.
À tous ces éléments clés, l’auteur ajoute une bonne dose de poésie et d’humour ainsi que des personnages intéressants, notamment la petite Bea, héroïne douce et espiègle dont l’anxiété et le stress sont matérialisés dans le comics par des lianes noires qui apparaissent autour d’elle et l’enserrent progressivement à mesure que l’angoisse croît, entravant ses mouvements. Une image que je trouve particulièrement pertinente surtout lorsqu’il s’agit de s’adresser à des enfants, mais qui rend également ce jeune personnage un peu plus accessible et réaliste et permet, entre autres, de sortir le récit des clichés dans lesquels il pourrait tomber.
Je ne peux pas manquer de mentionner les superbes illustrations dont les couleurs sont si bien travaillées que de la lumière paraît parfois directement émaner des pages, de cette lueur chaude qui nimbe d’un or léger les fins de journées. Bien que destiné à un public relativement jeune, le graphisme est original sans être naïf et les planches sont, au contraire, très riches, dans une ambiance m’évoquant un savant mélange entre Hilda, Over the Garden Wall et Gravity Falls.
Lightfall est une lecture parfaite pour tous les âges, idéale pour entrer dans l’ambiance de ce début d’automne. J’avoue m’être déjà surprise à le refeuilleter depuis ma première lecture pour admirer certaines planches et me plonger dans cette atmosphère magique qui a le don de me transporter.
Tim Probert est à mon avis un auteur à suivre de près qui nous offre ici le premier tome d’une saga pleine de belles promesses, une aventure dans laquelle on s’élance avec enthousiasme dont la suite est prévue dans sa version originale en 2022 et pour être honnête, je ne suis pas certaine que je serai assez patiente pour attendre la sortie de sa traduction française. |