Back to the Moon
(Lying Lions Productions) septembre 2021
"Le jazz est un vampire métis qui, depuis sa naissance, suce le sang des autres musiques pour se régénérer. La plupart du temps par amour. Il sort plutôt la nuit et son sens aigu de l'improvisation lui permet de déjouer les tentatives d'enfermement ou les risques de sclérose dont il est régulièrement menacé. Lorsqu'il est en forme (en solo, en petit comité ou en bande organisée), on reconnaît sa silhouette à un balancement chaloupé que les golfeurs appellent swing et les geeks, groove. Tous les dix ans on annonce sa mort et tous les dix ans il s'invente une nouvelle jeunesse. Le jazz a les rides de ses héros disparus et affiche le sourire juvénile de ceux qui regardent le futur droit dans les yeux." Alex Dutilh
"We Travel the Space Ways"
Thomas De Pourquery, c’est un son. Un son de saxophone, un son d’ensemble, une voix maintenant reconnaissable, identifiable. C’est peut-être le plus beau compliment que nous puissions lui faire, parce que plus tard de jeunes saxophonistes, de jeunes gens qui aiment la musique, le jazz, etc. voudront sonner comme lui, jouer comme lui (mais n’est-ce pas déjà le cas ?). Alors il leur faudra aussi penser la musique de la même manière, avec la même force, la même empathie, le même sens du partage.
Et puis s’accompagner de musiciens aussi intéressants que talentueux comme Laurent Bardainne (saxophone ténor, synthétiseur, voix), Fabrice Martinez (trompette, bugle, chant, percussions), Arnaud Roulin (piano, synthétiseur, percussions...), Frederick Galiay (basse, chant), Edward Perraud (batterie...), pour ne parler que du Supersonic, parce que la galaxie de musiciens tournant autour de lui est tout aussi importante. Parce que le supersonic c’est comme les grands sextet, il faut un leader et des musiciens d’exceptions pour sonner tous ensemble. Un ensemble pensé comme un espace de liberté. Une section rythmique dingue, une cohorte de soufflants qui l’est tout autant. Et il est évident maintenant que le sextet rentrera dans l’histoire de la musique.
Et puis donc une écriture. Une écriture généreuse, précise mélodiquement, harmoniquement et rythmiquement, sans barrières esthétiques. Jazz, pop, rock, elle doit autant à Sun Ra qu’aux Flaming Lips, Coltrane, François Jeanneau, Stefano Di Battista ou Andy Emler... Dans ce sens, si l’on ne peut pas le voir comme "avant-gardiste", il fait considérablement évoluer la musique "jazz". Ici un "jazz" cosmique et spirituel (l’espace comme moyen de projection). Et s’il est beaucoup question de vibrations, il y a un son, un travail de studio, de production encore plus important que sur les disques précédents.
Cet album que l’on pourrait considérer comme grand public, dans le meilleur sens du terme, est une lumière, un feu d’artifice, un hymne à la vie, à l’amour, il est solaire et exaltant.
# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine
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