Katerina Fotinaki se dit sorcière. Sa musique étant un envoûtement, elle n’a donc pas tout à fait tort. Et si la mixologie est l’art de créer, revisiter ou adapter une recette de cocktail, dans son chaudron elle mélange musiques traditionnelles grecque, rock (la reprise de "Kiss off" des Violent femmes), Barbara, jazz, musiques anciennes, le rebétiko, poésie (T. S. Eliot, Louise Labé, Kostis Palamas...), Carmen, les langues (elle chante en français, anglais et grec), danses...
Tout ce mélange, pas forcément improbable pour autant, pourrait à première vue sembler indigeste, mais encore une fois, Katerina Fotinaki ne se dit pas sorcière pour rien et si elle le fait avec bonheur, virtuosité et beaucoup de générosité, le résultat est une véritable réussite musicale. Une véritable réussite car elle ose tout (même donc de se mettre quelque part en danger), ne s’interdit rien et le fait avec, finesse, subtilité, acuité, cohérence et beaucoup d’expressions et de couleurs.
Qu’il est bon de perdre ses repères et d’assister à la création de quelque chose de nouveau. Qu’il est bon d’être invité dans un univers personnel, Katerina Fotinaki joue également de presque tous les instruments (elle chante, compose, arrange et joue des guitares (électrique, classique, baryton, préparée, tzouras), percussions, basses... mais invite à se joindre à elle Ninon Valder (flûte basse), Evi Filippou (marimba, vibraphone, percussions...) et le violoncelliste Gaspar Claus. Jeux de timbres, d’esthétiques, de mots, ce disque est superbe.