"Il avait une force énorme, mais sans agressivité. À la place des mains, il avait des pattes et il les plongeait dans le clavier en créant un son très riche, comme un orgue, un son jamais brusque ou staccato." Colin Davis

"L'œuvre d'art ne devrait pas être prétexte pour l'interprète à l'exposition de ses propres états d'âme. Ni davantage à l'étalage de soi-même, l’auto-exhibition. C'est le devoir sacré de l'interprète que de communiquer, intacte, la pensée du compositeur dont il n'est que l'interprète."

The Lost Recordings a retrouvé les bandes de ce double récital dans les archives de la radio de Berlin. Le label propose donc, en première mondiale, ce concert consacré à Beethoven : la sonate n°26 "Les adieux", la sonate n°31, la sonate n°23 "appassionata" enregistré le 12 mars 1959 à la Hochschule fur Muzik de Berlin. Premier concert, où il semblerait manquer dans cette enregistrement la sonate n°3, d’une série de quatre (12, 16, 19 mars et 29 avril) cycle portant sur les sonates de Beethoven.

Nous pourrions dire que l’art d’Arrau se situerait entre une élégance, une incroyable compréhension du texte musical, une façon si personnelle de jouer avec le temps (les tempi), la matière, les contrastes et les textures et une certaine rigueur ou sobriété toute germanique (l’enseignement de Martin Krause...).

Parfois contemplatif, parfois électrisant, il y a tout au long du concert une grande intensité dans cette interprétation, et puis toujours cette quête du son, cette conception très architecturale...

Naturellement ce disque ne révolutionnera pas notre perception de la musique d’Arrau mais il confirme qu’il fait partie de ceux chez qui on trouvera toujours la quintessence de l'art beethovenien...