L’avantage lorsque l’on a raté une publication en grand format ou qu’on a privilégié l’achat d’un autre ouvrage, c’est de savoir qu’on aura souvent l’occasion de retrouver le livre manqué dans une édition Poche moins onéreuse quelques années plus tard.

L’ouvrage de Sylvain Gouguenheim sur Frédéric II est sorti chez Perrin il y a quelques années et le voilà maintenant dans une édition Poche qui va nous permettre d’en apprendre plus sur l’empereur qui stupéfia le monde, le tout raconté par un historien de réputation mondiale.

Avec cet ouvrage, l’auteur nous dresse avec talent et rigueur le portrait renouvelé d’une figure médiévale d’exception. Cette figure d’exception, c’est Frédéric II de Hohenstaufen, un personnage que je ne connais pas bien qui débuta sa légende dans une époque riche en mutations. Au cours d’un règne tumultueux, il déploie des qualités qui l’érigent parmi les souverains les plus fascinants de toute l’histoire médiévale occidentale.

Des frises chronologiques et des cartes ouvrent le livre qui s’organise autour de quatre parties : l’exercice du pouvoir, la pensée politique, la volonté de durer et les légendes. Très complet, très scientifique dans sa forme et sa narration, l’ouvrage nous permet de mieux comprendre celui qui fut empereur germanique, roi de Sicile et aussi adversaire du pape.

Monarque aux talents multiples, réformateur et d’une volonté de fer, il fut au final l’une des figures majeures du Saint-Empire. Il a eu pour seul et unique objectif d’exercer et défendre les droits royaux et impériaux en usant avec souplesse des possibilités offertes par les situations locales. Mais Frédéric II, c’est aussi des difficultés et des échecs. Déclaré parjure et hérétique, il est finalement dépouillé de sa couronne par innocent IV, laissant un empire troublé par la guerre civile.

Frédéric II, c’est aussi un souverain déconcertant, un souverain présenté sous un autre jour par l’auteur, par rapport à ce que l’on a pu dire sur lui concernant son caractère et à sa vision de la gouvernance. L’auteur nous montre l’idée qu’il se faisait de la justice, de la séparation de l’église et de l’Etat aussi, qui lui vaudra de démêlés avec le pape.

Je dois avouer que c’est la partie sur les légendes qui m’a le plus intéressée puisque l’auteur prend soin de déconstruire voire de démonter certaine d’entre elles concernant Fréderic II. Car ce souverain fut bel et bien un homme de légendes, un empereur hors du temps auquel s’intéressèrent de nombreux intellectuels qu’ils soient dans le domaine de l’histoire ou de la littérature.

A la lecture de cette excellente biographie particulièrement érudite se dévoile au final le portrait de l’un des plus grands maîtres du saint empire. Un personnage complexe et passionnant à la fois, comme le livre.