Les ouvrages concernant la Première Guerre mondiale sont nombreux mais il reste néanmoins une face beaucoup moins connue, parfois même méconnue pour certains concernant cette Grande Guerre. L’ouvrage que nous proposent les éditions Passés Composés, écrit par Maxime Reynard, permet de mettre l’accent sur La Première Guerre mondiale dans le Pacifique.

En 1914, alors que le monde est en train de s’embraser, l’attention se porte sur le front français, où l’armée allemande s’approche de Paris. A des milliers de kilomètres, une autre Grande Guerre éclate. Le Royaume-Uni, le Japon et la France attaquent les territoires allemands dans le Pacifique et en Chine.

Si les combats à proprement parler sont d’une ampleur inférieure aux hécatombes en Europe, les enjeux sous-jacents ont, eux, un impact capital sur l’avenir du 20ème siècle. En dépeçant l’empire Allemand du Pacifique à son avantage, le Japon se positionne comme principal puissance régionale dès 1914 et acquiert à peu de frais des bases stratégiques qui lui permettront de permettront de prendre de vitesse les alliés dans la région lors de sa grande offensive de la Seconde Guerre mondiale, commencée à Pearl Harbor en 1941.

Une courte introduction nous précise les ambitions de l’ouvrage, à savoir une description synthétique des combats survenus dans le Pacifique mais aussi une démonstration des conséquences de ces mois de guerre sur la Seconde Guerre mondiale.

L’ouvrage débute sur l’impérialisme allemand et ses conséquences sur les relations internationales au début du 20ème siècle. La poudrière oubliée du Pacifique est brillement présentée dans le chapitre suivant, montrant bien que le conflit entre les empires centraux et l’entente s’étendait bien aussi dans le Pacifique. L’ouvrage s’attarde donc logiquement sur les colonies allemandes du Pacifique, nous expliquant par exemple l’intérêt de l’Allemagne pour la Micronésie. Et il nous montre en même temps comment le Japon étend son influence dans le Pacifique Nord à la faveur de la guerre.

On y trouve aussi des pages éclairantes sur la bataille de Tahiti mais aussi sur celles des îles Falkland. Les deux derniers chapitres m’ont totalement convaincu et surtout particulièrement intéressé car il porte sur la place du Pacifique dans la conférence de paix qui s’ouvre à Paris le 12 janvier 1919. Un Pacifique qui se retrouve rapidement devenir une sorte de pomme de discorde dans cette conférence.

Le dernier chapitre nous montre que le règlement territorial de la Grande Guerre en Asie et dans le pacifique expliquera en partie les succès japonais de 1941. La bataille de Tsingtao est révélatrice de cela, l’engagement d’un porte-hydravions pour la première fois de l’histoire montre de nouvelles potentialités. Et pour finir, la campagne du Pacifique de 1914 oriente clairement le Japon vers la dictature et l’isolationnisme.

A travers cet excellent ouvrage, avec rythme, clarté et érudition, l’auteur nous peint la fresque inédite et passionnante d’un décor jusqu’ici méconnu d’un conflit traumatisant.