Réalisé par Antoinette Boulat. France. Drame. 1h27 (Sortie 92 mars 2022). Avec Tom Mercier, Lou Lampros, Carmen Kassovitz, Angelina Woreth, Emmanuelle Bercot, Maya Sansa, Lucie Saada et Bakary Sangaré.
A chaque génération, il y a des films comme "Ma nuit" d'Antoinette Boulat, où l'on suit un couple de jeunes gens qui se rencontrent par hasard dans une virée-dérive-promenade s'achevant au petit jour, promesse peut-être d'une histoire d'amour à venir...
Ici, Marion (Lou Lampros) quitte une soirée après s'être embrouillée avec des copines. Hantée par le souvenir de sa sœur morte, elle marche sans trop savoir où elle va.
Mais la nuit parisienne de 2021 n'est plus celle d'antan et sans l'intervention d'Alex (Tom Mercier), elle aurait sans doute viré au cauchemar pour la jeune fille. En chassant ses agresseurs potentiels, il se fait déposséder de son scooter.
Voilà. Tout est dit. Marion et Alex, prénoms caraxiens, sont réunis pour une traversée du Paris d'aujourd'hui. Dans sa vie d'avant ce premier film, Antoinette Boulat était une "star" du casting, officiant sur "Ponette" de Jacques Doillon comme sur "The Budapest Hôtel" de Wes Anderson ou "Les Adieux à la Reine" de Benoît Jacquot.
C'est dire si elle sait choisir les bons acteurs. Le couple Lou Lampros/ Tom Mercier a l'originalité de réunir deux caractères tempétueux. On se souvient de l'interprétation rugueuse de Tom Mercier dans "Synonymes" de Nadav Lapid. Le jeune acteur israélien conserve dans "Ma Nuit" la même étrangeté.
On le sent capable d'emportements instantanés suivi de grands moments de dépression. Son accent indéfinissable ajoute encore du mystère. Il pourrait être tout autant allemand, suisse ou russe.
Ce quelque chose d'inquiétant en lui s'évanouit par la douceur musicale de sa voix. Marion, totalement prise dans sa peine, peut-elle tomber sous le charme ? On la sent peu encline à succomber à un beau parleur tout autant qu'à un étrange étranger.
Il faudra que la nuit soit longue dans un Paris hors des sentiers battus touristiques pour qu'elle fracasse son armure de fille dure au mal ou plutôt indifférente à la vraie vie.
Dans ce film nocturne, on n'évitera pas les urgences. Comme si l'inattendu avait une logique. Chacun ou chacune retrouvera dans "Ma nuit" d'Antoinette Boulat des réminiscences de nuits anthologiques. Celles qui finissent dans des grands appartements autour d'un petit-déjeuner avec des êtres improbables mais qu'on sait immédiatement supérieurs et bons. Tel le personnage de Paulo (Bakary Sangaré) qui partage l'appartement d'Alex.
Impossible de dire si "Ma nuit" obtiendra dans quelques années le "label" de film générationnel. A son crédit, deux acteurs qui devraient avoir un devenir, une manière absolument non démagogique d'évoquer les jeunes gens et une grande capacité à saisir leurs angoisses existentielles quand même parsemées d'envies d'être heureux et d'aimer. |