Ecrivaine, rédactrice web, créatrice de podcasts et j’en passe, Taous Merakchi, qui officie sur internet depuis de nombreuses années sous le pseudonyme de Jack Parker, multiplie les activités. Ayant un intérêt particulier pour les sujets de niche, elle piétine plus que volontiers les tabous depuis le début de sa carrière en publiant, entre autres, Le Grand Mystère des Règles (Flammarion, 2017), Witch Please (Pygmalion, 2019) ou encore Mortel (Marabout, 2020), adaptation papier de son podcast sur la mort.
En mars 2022, chez Flammarion, Taous Merakchi signe Vénère, sous-titré Être une femme en colère dans un monde d’hommes. Un essai dans lequel elle aborde non seulement sa propre colère, mais aussi celles que partagent beaucoup de femmes.
Depuis longtemps, celle que l’on connaissait sous le nom de Jack Parker parle en interviews ou sur les réseaux sociaux de cette fameuse colère omniprésente, vive, brûlante. Tant moteur que frein, voire cause du mal physique dont elle a souffert, avec cette dernière publication, l’autrice exorcise cette colère qui la consume.
Dans Vénère, Taous Merakchi dissèque sa haine minutieusement, remontant son fil pour en atteindre la source.
Alors que je m’attendais à lire un ouvrage relativement théorique, un outil plein de recherches et d’analyses, j’ai finalement trouvé un essai introspectif très personnel, voire intime. Taous Merakchi, de sa plume piquante que j’aime tant, met des mots sur la colère intériorisée par tant d’entre nous, toutes celles qui carrent les épaules et serrent les mâchoires dans la rue, auxquelles on a toujours répété qu’il fallait faire attention et qui traversent la ville au pas de course quand le soleil est couché, les clés calées entre les doigts "au cas où". Là où certains chapitres sont des anecdotes partagées, d’autres donnent l’impression d’une confession, d’une justification de ce feu intérieur alors que d’autres encore sonnent comme des cris de guerre.
Vénère m’apparaît alors être l’aboutissement d’années de colère, une énergie destructrice canalisée en énergie créatrice.
Forte de sa sincérité, avec intelligence et une pointe d’humour, Taous Merakchi nous livre un texte cathartique qui n’est pas sans rappeler parfois le King Kong théorie de Virginie Despentes dans sa virulence.
Vénère me paraît être à l’image de son autrice : pertinent, vif et féministe. Un ouvrage honnête, terriblement galvanisant, qui résonne et qui donne des grands coups de pieds au patriarcat. Que l’on soit entièrement en accord ou non avec les propos qui s’y trouvent, j’imagine Vénère aussi intéressant à lire pour les femmes, celles en qui la colère gronde également, que pour les hommes qui n’ont pas forcément la mesure de cette réalité. |