Spectacle musical conçu et interprété par Livane dans une mise en scène de Xavier Berlioz.
Dans son précédent spectacle "Piaf, Fréhel, Damia et Moi", Livane (Revel) rendait hommage aux chanteuses réalistes et particulièrement à Piaf, Fréhel et Damia. En fil rouge entre les chansons, elle récitait des extraits d'interviews de ces grands dames de la chanson française.
Cette fois-ci, en s'intéressant au répertoire de Georges Brassens, elle s'est mise dans la peau de Joha Heiman, celle que le chanteur appelait "Pupchen" (Petite poupée) et qui fut sa compagne pendant plus de trente ans.
Sauf Patachou, qui poussa l'auteur du "Gorille" a monté sur scène lui-même et chanta en duo avec lui, peu de femmes se sont risquées à chanter du Brassens et quand elles l'ont osé, c'était pour interpréter des titres légers, genre "La Chasse aux papillons".
Souvent paillardes et lestes, empruntes d'une certaine misogynie, les chansons de Brassens semblent a priori destinées à des hommes plutôt rigolards et mal pensants. C'est le grand talent de Livane de prouver le contraire. Cette grande fille très féminine, à la voix bien posée mais plutôt enfantine, ne s'est pas laissée impressionner par les idées reçues.
Elle s'est emparée de Brassens avec une grande autorité et a su sélectionner avec beaucoup d'à-propos le répertoire qu'elle pouvait adapter. Elle n'a pas choisi la facilité en reprenant des chansons pas forcément très connues comme "Stance au cambrioleur", "Les passantes" ou "Trompe la mort".
Autre atout dans sa besace : elle est habile guitariste et, aidée d'une bande musicale qui ne n se contente pas d'ajouter le contrebassiste attitré de Brassens, elle montre que, contrairement à une légende tenace, les musiques de Georges ne sont pas atones ou monotones. Au contraire, on peut les chanter de manière enjouée.
Et même, grâce à son excellent metteur en scène Xavier Berlioz, en faire des petits morceaux de "comédie musicale". Ce sera le cas pour une très impertinente interprétation du "Parapluie".
Piochant brillamment dans le répertoire du Sétois, Livane livre un récital homogène, alliant les chansons gaies ("Le temps ne fait rien à l'affaire") aux chansons mélancoliques ("Saturne", "La Jeanne"). Elle réussit même une version supérieure à l'originale de "95 fois sur cent".
Il faut d'autant plus féliciter Livane pour la qualité de son spectacle, qu'interpréter Brassens n'est pas chose aisée. C'est aussi l'un des charmes de son interprétation : elle montre combien il était arrivé à une sorte de perfection qui fait qu'aujourd'hui il n'est pas daté et ne le sera pas davantage dans l'avenir.
En attendant, Livane entretient avec générosité la flamme d'un des monuments de la chanson française et sa contribution mutine mérite le déplacement.
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