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Luigi Comencini     (avril 2022) 

Réalisé par Luigi Comencini. Italie. Drame. 1h480 (Sortie 13 avril 2022 - 1ère sortie13 novembre 1974). Avec Stefania Sandrelli, Giuliano Gemma, Brizio Montinaro, Renato Scarpo et Rina Franchetti.

Les semaines se suivent et les chefs d'œuvre de l'âge d'or du cinéma italien reviennent sur les écrans français. Après "Deux sous d'espoir", voilà "Un vrai crime d'amour" de Luigi Comencini, l'un des cinéastes majeurs de l'après-guerre, peut-être le plus éclectique, pouvant passer de la comédie au drame, du film intimiste à la grosse production.

Célèbre pour "Pain, amour et fantaisie", on lui doit à la fois "L'incompris" et "Pinocchio", "L'Argent de la vieille " et "Casanova, un adolescent de Venise".

"Un vrai crime d'amour", tourné dans les brouillards du Milan industriel, mélange une fois de plus les genres et conte une histoire d'amour parmi la classe ouvrière avec pour protagonistes un couple formé de Nullo, communiste et athée, enfant du Nord de l'Italie, et Carmela, sicilienne venue avec sa famille, trouver du travail loin du soleil méditerranéen

On aurait pu avoir ici la trame d'une simple comédie jouant sur les différences de culture et de mentalité où l'on aurait suivi les difficultés des amoureux à surmonter la coupure Nord/Sud qui fracturait toujours profondément l'Italie de ce dernier quart du vingtième siècle.

Mais Comencini a voulu que ces amours soient aussi rendus compliqués par un contexte social précis. Carmela, transplantée loin de sa Sicile natale, vit dans des conditions socio-économiques bien plus pénibles que son partenaire. Leur décalage social, on le ressent quand elle s'esbaudit devant le HLM dans lequel vit son partenaire.

Insensible à l'admiration béate de Carmela pour ce paradis inaccessible, Nullo, lui, n'y voit que la marque de sa soumission au monde capitaliste. Peut-il alors comprendre la réflexion, pas si bête, de la jeune fille, qui lui rétorque que les plus pauvres des habitants de Lombardie

Filmant constamment le travail en usine, de la pointeuse à la chaîne, Comencini n'en fait pas une ascèse ni un chemin de croix, à l'instar de Rossellini dans "Europe 51". Ce n'est pas Dieu qui donne cette épreuve à vivre et à mourir à Carmela, mais un patron paternaliste qui ne veut surtout pas qu'on l'appelle "patron".

Dans "Un vrai crime d'amour", l'usine n'est pas une parenthèse "maudite" dans l'existence des deux amoureux, mais un lieu où leur amour va prendre tournure et aussi mal tourné.

Les scènes qui se passent dans l'usine n'ont rien d'elliptique, comme souvent. Elles sont très prosaïques, très ancrées dans le réel. On peut s'y retrouver aux toilettes, dans les vestiaires ou dans les ateliers, dans une pénombre bruyante et surchauffée.

Dans tous les cas présentés, les personnages se parlent normalement, font preuve de retenue ou d'excès, mais ne sont jamais réduits à quelques borborygmes ou à des propos primaires.

Ils ne sont pas des héros de la classe ouvrière ni des imbéciles. A l'inverse des quelques films français qui s'aventurent à filmer le travail industriel et à distribuer des comédiens en tant qu'ouvriers ou employés, Comencini traite sans excessif respect ni mépris inconscient les personnages de travailleurs.

Rien que pour cela, "Un vrai crime d'amour" est à remontrer pour voir qu'en 1974, alors qu'on n'était pas encore dans une "société post-industrielle", un grand cinéaste pouvait poser sa caméra dans une usine sans que cela paraisse incongru.

Reprenant le thème éculé de la vieille division nord-sud de la péninsule italienne depuis le Risorgimento, Comencini construisait avec beaucoup de soin et sans faute de goût un vrai mélo sous fond d'exploitation ouvrière.

On y lisait aussi le grand art de Comencini pour distribuer à contre-emploi ses comédiens. Comme Giuliano Gemma quittant ses rôles habituels de beau gosse pour endosser la peau d'un ouvrier frappé par un destin contraire... Sans parler de Stefania Sandrelli trouvant dans Carmela la Sicilienne payant très cher son affranchissement involontaire.

S'il n'a pas, sans doute à cause de son sujet peu glamour et de sa photo volontairement terne, l'élégance formelle de la plupart des films du réalisateur d' "Un enfant de Calabre", "Un vrai crime d'amour" de Luigi Comencini est un film unique qui surprendra ceux qui ont revu récemment "Qui a tué le chat" ou "La Femme du dimanche", tant on n'imagine pas le même homme derrière la caméra.

On regrettera, une fois encore, la disparition de ce cinéma qui savait raconter une vraie histoire tout en restant en prise avec le réel. Pas étonnant si les apprentis cinéphiles préfèrent désormais redécouvrir la fiction transalpine plutôt que le parfaitement factice rêve hollywoodien.

 

Philippe Person         
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