Organisée en collaboration avec le Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía de Madrid, le Van Abbemuseum à Eindhoven, et la Fundación Augusto y León Ferrari Arte y Acervo à Buenos Aires, le Musée national d’art moderne Centre Pompidou présente la première exposition institutionnelle en France consacrée à l'artiste plasticien argentin León Ferrari (1920-2013)
Conçue et réalisée par le musée de Madrid, où elle a été inaugurée, et la famille Ferrari à l'occasion du centième anniversaore de la naissance de l'artiste, elle s'intitule "L'aimable cruauté", traduction de la "bondadosa crueldad" en référence à la critique de ce dernier quant à l'art qui embellit et banalise la violence.
Récompensée pour son ensemble en 2007 par un Lion d'or à la 52ème Biennale d'Art Contemporain de Venise, l'oeuvre de León Ferrari s'avère protéiforme dans une dualité ainsi qualifiée : "J’ai fait et je continue de faire deux types d’œuvres : l’une sans intention éthique, abstraite, l’autre où j’utilise l’esthétique pour mettre en question l’éthique de la culture occidentale".
Ce que l'exposition parisienne placée en France sous le commissariat de Nicolas Liucci-Goutnikov, conservateur à la bibliothèque Kandinsky, présente en trois sections génériques qui se déploient dans un seul espace muséal ouvert qui permet une déambulation fluide entre trois sections génériques. L'aimable cruauté - Memento Mori
Ainsi "La Civilisation occidentale et chrétienne", "Architectures de la folie" et "Confusions tangibles" rendent compte de ses tropismes et de ses différentes pratiques esthétiques depuis ses premières sculptures en céramique des années 50 ("Mujer Preoccupada") et puis en fil de fer de la décennie suivante ("Hombre", "Opus 113").
La monstration, articulée autour du champigon atomique "Red Mushroom" est visuellement introduite par l'oeuvre la plus emblématique et notoire de León Ferrari, "La Civilizacion Occidental y Cristiana" qui n'est pas sans évoquer le texte de Friedrich Nietzsche"Dieu est mort ! Dieu reste mort ! Et c'est nous qui l'avons tué !".
Elle appartient à un corpus d'oeuvres qui inscrit l'artiste comme un des représentants majeurs du conceptualisme latino-américain prônant l'indissociabilité de l'art et de l'action politique en opérant sous le tropisme de la stigmatisation et de la dénonciation de la barbarie du monde libéral occidental telle qu'elle se matérialise par le colonialisme, la dictature et la guerre.
Ainsi dénonce-t-il notamment la dictature chilienne, au cours laquelle son fils a fait partie des "disparus", avec la compilation de coupures de presse "Nosotroms no sabiemos" et les collages de la série "Nunca mas" croisant les toiles de la peinture de dévotion avec les documents photo-journalistique.
Il stigmatise également de manière virulente le rôle de l'Eglise comme soutien souvent actif du pouvoir et de manière récurrente les préceptes chrétien, dont ceux du bien et du mal et du juste châtiment, qu'il soit rendue par le système judiciaire ou lors du jugement dernier, par une relecture iconoclaste de la Bible avec les collages de la série "Relecturas de la Biblia" ainsi que dans des installations telle "La Justicia" avec une poule encagée déféquant sur les plateaux d'une balance.
Le second type d'oeuvres ressort au conceptuel expérimental visant la valeur du signe, par une recherche graphique sur la calligraphie et la visualité du langage dès les années 1960 avec les "Cuadros escritos" proches du lettrisme ainsi que les "Eliografias" qui, avec les figures du labyrinthe et de la spirale,dénonce l’absurdité de la société contemporaine.
A ne pas rater la sculpture suspendue "Huesos" inspirée de la vanité
et à voir en préambule à la visite :
le documentaire "Civilización" de Rubén Guzmán (en espagnol)
la présentation en vidéo de l'exposition "La bondadosa crueldad León Ferrari, 100 años" à Madrid
les oeuvres de l'artiste sur le site de la Fondation Leon Ferrari |