Je suis habitué maintenant à lire des ouvrages des éditions Playlist Society sur des sujets que je connais peu. C’est à chaque fois un réel plaisir que celui de me cultiver autour d’essais passionnants sur le cinéma, la musique ou la littérature.
Avec ce nouvel ouvrage proposé à ma lecture, je pense que je suis tombé sur un sujet que j’ignore totalement, à savoir le cinéma chinois. A la manœuvre de cet essai se trouve Hendy Bicaise qui est un critique de cinéma. Il est le cofondateur du site Accréds et coauteur de l’ouvrage Contes de l’au-delà, le cinéma de M. Night Shyamalan.
Une fois encore, on ne change pas une formule qui marche si bien, les éditions Playlist Society nous proposent donc un ouvrage d’un peu plus de 120 pages, totalement accessible à tous sur un sujet passionnant, nous donnant envie comme d’habitude de prolonger le plaisir de lecture en allant regarder certains films dont parle l’auteur.
Bi Gan, Diao Yinan, Jia Zhang-ke… La nouvelle génération de cinéastes chinois forge des œuvres mutantes. Animés par des interrogations sociales, bouleversés par l’avènement du numérique et les possibilités offertes par la technologie, ils proposent des films aux confluents du réel et de l’imaginaire. L’incroyable surgit souvent quand on ne l’attend pas, à l’image d’un immeuble qui décolle telle une fusée dans Still Life ou d’un train défilant au beau milieu d’un appartement dans Kaili Blues. En outre, les rencontres de l’homme et de l’animal, du passé et du présent, de l’ombre et de la lumière modèlent elles aussi un cinéma reposant sur l’entrechoc et la rupture.
Après une introduction traitant des différentes générations de cinéma chinois et mettant en avant les mutations de la sixième génération, l’auteur nous montre que l’histoire du cinéma chinois reflète aussi son histoire nationale. Il s’interroge aussi sur la notion de réalisme magique, au cœur de l’ouvrage, un courant artistique pictural né dans l’Allemagne des années 20 pour nous montrer comment elle a voyagé ensuite au travers des âges et des territoires.
Le réalisme magique chinois trouve sa source dans une scène de Still life, l’un des seuls films que j’ai vus qui fait partie de la filmographie de l’ouvrage. L’étude s’ouvre alors sur l’analyse de l’une des célèbres scènes de Still life, magnifique film de Jia Zang-Ke. Elle se poursuit ensuite autour d’une bonne trentaine de films chinois au travers de thématiques récurrentes que l’on retrouve dans ce cinéma chinois. La ville est souvent très présente par exemple, tout comme l’argent aussi et les jeux qui l’accompagne. On y retrouve aussi beaucoup les animaux et les créatures légendaires. Mais ce qui caractérise peut-être le plus ce cinéma chinois, c’est sa manière de jouer sur les temporalités, sur le réel et sur le fantasme.
Ce cinéma chinois se dévoile varié au travers de film d’auteurs, de films de genre, de fictions ou de documentaires aux multiples inspirations. L’auteur nous montre que certains réalisateurs chinois s’inspirent de grands réalisateurs occidentaux.
Au final, nul besoin d’être un spécialiste du cinéma chinois et d’avoir vu les films présentés pour prendre plaisir à lire cet ouvrage complet qui contextualise parfaitement les films chinois, nous permettant d’accéder à un cinéma encore loin d’être grand public chez nous.
L’auteur réussit avec cet ouvrage à nous donner envie d’aller regarder des films qui peuvent au premier abord paraître très déroutants. Tout cela en s’appuyant sur la culture chinoise pour mieux décrypter ses films. Totalement passionnant, une fois encore, l’ouvrage est dans la lignée des publications précédentes de Playlist Society. Chapeau bas ! |