Comédie dramatique de Fausto Paravidino, mise en scène de Théo Askolovitch, avec Théo Askolovitch, Délia Espinat Dief, Constance Guiouillier, Ghislain Decléty, Tigran Mekhitarian (ou Arthur Gomez), Louka Meliava (ou Marilou Aussilloux) et Thomas Rio.
"La Maladie de la famille M" est la pièce la plus connue en France de Fausto Paradivino, dont on a pu voir aussi "Deux frères", "Gênes 01" et "Nature morte dans un fossé". Elle a été montée par la Comédie Française et on pu, en 2018, en voir une version mise en scène par Simon Fraud au Théâtre 13. C'est au tour de Théo Askolovitch d'en proposer sa lecture. Une lecture sombre que résume bien la scénographie de Robinson Guillermet et Shehrazad Dermé en plaçant une fenêtre quasiment opaque au-dessus des acteurs et qui ne s'ouvrira jamais. Aucun avenir, a fortiori social, pour cette famille qui vit à la périphérie d'une ville italienne. Il faut dire que c'est leur médecin neurasthénique (Louka Meliava en alternance avec Marilou Aussilloux) qui chronique l'histoire de ce quatuor composé de Luigi, le père (Ghislain Decléty), de ses deux filles, Marta (Constance Guioullier) et Maria (Délia Espinat Dief), et de son fils Gianni (Tigran Mekhitarian en alternance avec Arthur Gomez). Quatuor auquel s'agrègent Fulvio (Thomas Rio), l'amoureux de Maria, et Fabrizio (Théo Askolovitch). D'ordinaire, on rapproche la pièce de Fausto Paradivino des films de Ken Loach, mais les prolétaires britanniques de ce dernier n'ont pas grand-chose à voir avec ces "a-sociaux" transalpins, dont la marginalité est flagrante et qui font surtout bloc autour d'un père veuf et diminué. Ponctuant ses saynètes avec des extraits de rap, Théo Askholovich revendique une inspiration plus radicale, en se référant à "La Haine" de Matthieu Kassovitz. Ce qui l'intéresse ce sont les rapports entre des personnages qui fluctuent en fonction des circonstances variables comme la météo ou la santé des uns et des autres. Il n'y a pas de fixité dans cet univers au jour le jour qui attend, ou qui pressent, que sa pérennité sera tributaire d'un événement grave qui va rompre ce statu quo qui n'en est pas vraiment un... La maladie de la famille M ne serait-elle pas tout bonnement celle qui frappe toutes les familles ? Une maladie banale qui les conduit à se briser peu à peu en fonction des circonstances. La mère est morte et le père n'allant pas très bien, les enfants tergiversent : doivent-ils rester ou franchir le pas décisif vers leur propre vie ? On saura gré à Théo Askolovitch de ne pas brusquer le cours des choses et d'avancer par petites touches sensibles vers la résolution choisie par Fausto Paradivino. |