Comédie opératique de Sophie Sara d'après l'oeuvre de Georges Bizet, mise en scène par Kamel Benac, avec Mathieu Sempéré, Sophie Sara, Philippe Moiroud, Ariane-Olympe Girard, Olivier Hardouin, Christophe Camier et Charly Barjonet.
Annoncée comme une comédie délirante et musicale, l'opus "Carmen ou presque !" concoctée par la comédienne et chanteuse lyrique Sophie Sara tient ses promesses alors même qu'elle résulte d'une entreprise audacieuse et hardie. En effet, comme indiqué dans sa note d'intention, elle a voulu (dé)montrer que "la tragédie et la comédie peuvent tout à fait cohabiter et même faire bon ménage" et à cette fin elle use du thème classique de la représentation compromise pour délivrer l'intrigue du fameux opéra de Georges Bizet. Et, sous couvert de divertissante comédie passant à la moulinette le genre, du gag à la loufoquerie et déclinant les arguments classiques de l'impondérable compromettant la représentation d'un spectacle et de la distribution d'amateurs, elle use judicieusement du détournement parodique pour y intégrer une satire du milieu théâtral et des théâtreux, avec un coup de projecteur sur l'envers du décor et une amène caricature de l'ego des officiants opératiques.
Carmen donc ou comment, face à un mouvement de grève du personnel et des acteurs, un histrionique directeur du théâtre, narrateur et mouche du coche, campé de manière excellentissime par Olivier Hardouin, tente de trouver une solution avec l'efficace aide de son assistante qui se rêve cantatrice, et à qui incombera le rôle-titre interprétée, avec pétulance par Sophie Sara. Et en voiture Simone, avec pour orchestre deux musiciens balkanais recrutés dans le métro (le guitariste Charly Barjonet et l'accordéoniste Christophe Camier), la rescapée non gréviste (la soprano-lyrique Ariane-Olympe Girard), un chanteur de second ordre cabotin mais conscient de sa médiocrité (le ténor Matthieu Sempéré) et le régisseur-syndicaliste enrôlé de force (le baryton Philippe Moiroud). La mise en scène virevoltante de Kamel Benac repose sur le talent des interprètes, tous aguerris, qui peuvent se permettre, et avec une belle dose d'auto-dérision, le sur-jeu. Et ce pour assurer le triple décalage loufoque et hilarant résultant de la situation, sur une scénographie de Marc Cassar, avec le décor improvisé à partir des échelles modulables laissées en plan par l'équipe technique, de l'anachronisme entre le texte et la gestuelle et de la partie musicale, bien évidemment sans aucune fausse note, comportant des extraits originaux et d'autres un peu gaillardement triturés.
Divertissement assuré ! |