Voilà un ouvrage que j’ai découvert par hasard, dont le titre et le bandeau m’ont tout de suite donné envie de le lire. Voyant qu’il venait du travail d’un journaliste du magazine Society, que j’apprécie particulièrement pour la qualité de leurs investigations, je me doutais qu’il serait forcément passionnant et éclairant sur le sujet qu’il traitait, en l’occurrence ici le complotisme et le conspirationnisme.
C’est donc un certain Anthony Mansuy qui nous propose cette enquête, un journaliste spécialisé dans les enquêtes à l’intersection entre les cultures numériques et les bouleversements de la société. Il nous plonge ici au cœur des complotistes français, de leurs vies, de leurs peurs et de la sécession à venir.
Comment des centaines de milliers de personnes ont-elles pu finir dans la rue, à dénoncer "une dictature sanitaire" ? Ce livre chronique en temps réel l’évolution d’une société ballottée par une pandémie qui a chamboulé nos vies, et par des théories du complot de plus en plus extrêmes et farfelues. Entre reportages de terrain, réflexions et une centaine d’interviews avec des chercheurs, des activistes, mais aussi avec ceux qui créent, diffusent ou consomment ces théories du complot, l’ouvrage répond aussi à une autre question : comment en sommes-nous arrivés à un tel divorce social ?
On va trouver dans l’ouvrage des éléments sur le phénomène des gilets jaunes, un regard braqué sur l’année 2020, qualifiée d’erratique, un chapitre sur Qanon dont on a beaucoup entendu parler avec Trump, un autre sur ce que l’on a pu entendre sur Microsoft et Bill Gates au moment de la vaccination.
L’ouvrage nous montre le rôle important des réseaux sociaux dans le développement du complotisme et du conspirationnisme. On y trouve aussi un chapitre qui m’a beaucoup interessé sur l’histoire de la petite Mia, cette fillette kidnappée à sa mère par un groupe de barbouzes dirigé par un ancien élu du Modem situé en Malaisie. Ce chapitre nous apporte de nombreux renseignements sur l’ASE. A la fin de l’ouvrage un chapitre est consacré à Poutine, au conflit ukrainien et aux prises de position de Florian Philippot sur ce sujet.
L’ouvrage a l’intelligence de ne pas donner de crédit à leurs thèses, l’auteur ayant pris le temps de comprendre les circonstances derrière la ténacité de ceux qui n’en démordent pas. En l’absence d’un projet politique d’avenir, plongée dans d’interminables crises économique, sanitaire et culturelle, la France de 2020 ressemblait à une cible idéale pour ceux qui ne demandaient qu’à attiser les flammes. |