A peine quelques mois après un passage au Batofar, Alec Empire est de nouveau à Paris, pour une date qui s'annonce explosive.
Avant d'aller plus loin, il faut quand même préciser qu'Alec Empire n'est pas n'importe qui. C'est le fondateur de feu Atari Teenage Riot, groupe culte de électro hardcore des 90's. Une musique d'une violence rare, où les saturations électriques se superposent aux nappes électros de psychopathes. De la cyber violence à l'état pur.
Rajoutez à cela des collaborations avec des artistes aussi variés que Björk, Slayer, Korn, Dan The Automator (Gorillaz) etc, des activités de producteur et encore bien d'autres choses, et vous comprendrez pourquoi ce berlinois de 33 ans, est quelqu'un de très respecté dans le milieu de la musique underground extrême et électro. Bref, avant de voir ce qu'Alec Empire et ses acolytes (la sublime Nic Endo notamment) ont dans le ventre ce soir, ce sont deux premières parties françaises.
Don't Look Back pour commencer.
Originaire de Valence, Don't Look Back propose un post hardcore sombre et progressif.
Des longs morceaux, quasiment tous instrumentaux, construits autour de riffs simples et entêtants.
Techniquement, rien n'est extraordinaire (j'entends par là que l'on ne retrouve pas le feeling de groupes comme Isis, Neurosis ou Cult Of Luna etc).
Mais l'alchimie se crée quand même et on reste scotché par la mélancolie et la tristesse qui se dégage des morceaux. Un écran installé en fond de scène, diffuse des images glauques, apportant un plus à l'ambiance musicale. Le groupe bouge bien sur scène, mais fait par contre le strict minimum entre les morceaux. C'est dommage, un peu plus de chaleur humaine n'aurait pas été pour déplaire au public, qui à relativement bien accueilli le groupe.
C'est ensuite Expérience qui monte sur scène.
Michel Cloup (ex-Diabologum) et ses acolytes ont la chance de pouvoir accompagner Alec Empire sur toute sa tournée française.
Apparemment attendus par une partie du public, les Expérience se donne à fond pendant les 40 minutes dont ils disposent. Leur rock dépouillé, aux textes engagés, semble faire mouche. Michel Cloup s'impose comme un vrai frontman, délaissant la guitare pour venir aux avants poste de la scène, haranguer le public, avec son chant qui s'apparente plus à un parlé. Le groupe est venu présenter son album de reprises, Positive karaoke with a gun, negative karaoke with a smile.
On a donc droit à une reprise de Moonshake ("Second hand clothes"), très sombre et puissante, à un minimaliste mais très bon "Qu'est ce qu'on attend" de NTM, au revendicatif "La révolution ne sera pas télévisée" de Gil Scott-Heron…
Sans livrer la prestation de sa vie, Experience offre un bon set, décalé (de part l'originalité de sa musique) et accrocheur. On vire tout le matériel, on installe une batterie à gauche de la scène, un kit synthé à droite, et on place un énorme ampli en plein milieu de la scène.
Une configuration très punk rock dans l'âme, pour accueillir la star de la soirée, j'ai nommé Alec Empire. Vers 22h, les lumières s'éteignent et le public se fait entendre. Nik Endo prend place derrière ses synthés, avec une expression de visage immobile et fermé…la dame à de la classe à revendre.
Alec arrive alors sur la scène, torse nu (soigneusement épilé), comme un gladiateur avant le combat.
C'est parti pour un plus d'une heure de sauvagerie.
Futurist, le dernier album en date d'Alec Empire est extrêmement rock'n'roll, mais doté d'un son aseptisé et trop propre à mon goût. En comparaison, la première demie heure du show me paraît énergique, mais dépourvue de la folie que générait Atari Teenage Riot par le passé.
Les rythmes sont punks (le batteur assure méchamment), la gratte d'Alec saturée, les cris stridents, mais il manque quelque chose. Passées les 30 premières minutes, Alec pose la guitare, et se pose comme un vrai frontman, toisant le public de son gabarit de sportif.
Les morceaux sonnent alors moins linéaires, plus fous, moins contrôlés…plus jouissifs en somme. Au final, le set se structura de cette façon : des phases cyber trash complètement déchaînées, et des morceaux plus linéaires et ennuyeux.
Une performance en demie teinte, qui n'entâche en rien l'extraordinaire charisme d'Alec Empire. On aura droit à mieux la prochaine fois…
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