Spectacle musical mis en scène par Cédric Bécu, avec Rémi Guirimand, Marie-Estelle Hassaneen et Caroline Michel.
L'Ensemble Jeux de Quatre composé de musiciens propose avec "Je m'appelle Momo" une transposition scénique du roman "La Vie devant soi" d'Emile Ajar, hétéronyme de Romain Gary, placée comme indiquée par le metteur en scène Cédric Bécu dans sa note d'intention, "au croisement de la littérature et du patrimoine musical" avec "une création interdisciplinaire et sonore". Ainsi officie une formation chant (Caroline Michel), flûte (Marie-Estelle Hassaneen) et guitare (Rémi Guirimand) pour relater ce roman d'appprentissage d'un jeune garçon maghrébin qui relate sa vie d'enfant dans le populaire et cosmopolite quartier de Belleville des années 1960.
Comme de nombreux enfants non désirés, délesté tel un paquet à la consigne chez une nourrice il trouve en celle-ci, Madame Rosa, une vieille juive ancienne prostituée et rescapée de la Shoah, une figure maternelle de substitution qui l'accompagne jusqu'à son entrée dans sa future vie d'homme comme il la veillera lors de son voyage vers le royaume des morts.
Dans une optique de théâtre pauvre dépouillé de tout artifice scénographique, juste un fauteuil délabré et quelques accessoires, mais un beau travail de lumières, dépourvu du pathos naturaliste inhérent à la situation d'un réalisme tragique, la narration diégétique par le personnage-titre s'effectue par diffraction à trois voix accompagnée de musique instrumentale et de chansons pour poser l'atmosphère et traduire les émotions. La partition musicale puise dans un corpus éclectique mais homogène dans l'esprit composé de musique instrumentale, de mélodies symphoniques avec la mise en musique de poèmes, ceux de Paul Bourget et de Verlaine par Claude Debussy ou Gabriel Fauré, et, au terme d'arrangements originaux, d'opus de la chanson réaliste française avec notamment ses trois grands représentants Georges Brassens, Jacques Brel et Jean Ferrat. Tous musiciens, les interprètes portent avec une sensibilité affranchie de tout sentimentalisme et mièvrerie avec les instrumentistes Marie-Estelle Hassaneen et Rémi Guirimand qui composent un bel écrin harmonique pour la superbe voix cristalline de la soprano Caroline Michel. Sous la direction de Cédric Bécu, leur fraîcheur de jeu apporte un supplément de grâce à cette ode à la vie et à l'amour qui transcende ces douloureux chemins de vie qui ne sont pas parsemés de pétales de rose. |