David Linx - Matteo Pastorino - Guillaume de Chassy
On Shoulders We Stand
(Enja Records) novembre 2022
"Here, I drown out the noise, on my search for a glimpse, Into what you’ve seen, from a distant dream, along fields of marigold and honeysuckle truth, abundant youth, revelations shy of what is really to come".
"Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme", tout le monde connaît la citation apocryphe de Lavoisier. Pour Guillaume de Chassy ou David Linx, c’est plutôt "Nous n’inventons rien totalement : nous nous tenons sur les épaules des grands créateurs qui nous ont précédés ou de ceux que nous côtoyons aujourd’hui : musiciens, peintres, écrivains... ces géants nous soutiennent et nous inspirent chaque jour".
Les géants sont ici Rachmaninov (étude tableau n°5), Schubert (Sonate n°4), Bach (Prélude en si mineur du clavier bien tempéré), Ravel (second mouvement du concerto en sol), Chostakovitch (prélude op87 n°10 et n°18), Chopin (Mazurka op68 n°4), Mompou (Musica Callada n°20), Scriabine (Etude op2 n°1) mais dans des versions, des arrangements très fins pour piano, voix et clarinettes.
Les puristes risquent de faire une syncope, ils auront bien tort. D’abord parce que le trio joue avec maestria, n’a cure des frontières esthétiques, nous fait traverser la palette des affects et des couleurs (le trio sonne magnifiquement bien), de la beauté lumineuse de "Drown out the noise" jusqu’aux sonorités sombres et intérieures de "The Riptide" en passant par le lyrisme de "New life’s at hand" ou de l’aérien "The very concept of you". Ensuite pour les textes, magnifiques, poétiques de Linx. Un disque d’une grande délicatesse et sophistication.