Réalisé par Guillaume Gouix. XXXX. Policier. 1h20 (Sortie 1er février 2023). Avec Elodie Bouchez, Alysson Paradis, Viggo Ferreira-Redier et Félix Martinaud.
"Amore Mio" de Guillaume Gouix cumule trois handicaps : film français, film d'acteur et premier film. S'y ajoutent un duo d'actrices et la tentation évidente d'un "Thelma et Louise" à la française, d'un road-movie où les deux protagonistes pourraient en faire des kilotonnes.
Si tout n'est pas parfait dans son premier film, Guillaume Gouix, sans doute lassé d'être un des meilleurs seconds rôles français et de n'en tirer aucun fruit glorieux, s'installe avec aplomb dans une cinématographie habituée à voir fleurir des téléfilms au lieu de "vrais" films.
Lui, on ne pourra pas lui faire ce reproche : il laisse à ces deux actrices le soin de déraper (et de se rattraper), plutôt que de les contenir dans les limites de la bien-pensance permise sur les petits écrans. Alysson Paradis en fait beaucoup trop pour une "veuve" Elle ne répond pas au profil souhaité : à la fois éploré et joyeuse
Le schéma du film est classique : à l'occasion de l'enterrement de son compagnon, Lola (Alysson Paradis) retrouve Margaux (Elodie Bouchez), sa grande sœur, chargée de l'emmener à la cérémonie. Mais les choses ne se passent comme prévu : Lola veut déserter, s'enfuir, vivre sa peine autrement, éviter à son fils Gaspard (Vigo Ferreira-Ridier) le rôle du petit orphelin.
Margaux est l'antithèse de sa cadette mais ne peut rien contre sa sauvagerie. D'abord réticente, elle se voit embarquée vers l'inconnu par Lola : elles partent avec Gaspard. Direction l'Italie.
Evidemment la route est semée de contradictions, de retours en arrière. On ne va pas comme ça sucer des glaces sur une plage transalpine. Tout est prévisible dans "Amore Mio" de Guillaume Gouix. Seulement, il a trouvé un couple inédit pour rendre ce prévisible incertain, tâtonnant. On en acceptera d'autant mieux la fin assez convenue.
Pour son premier rôle au-dessus de l'affiche, Alysson Paradis sait jouer sur le fil du rasoir. Elle alterne le n'importe quoi et l'émotion juste. Si elle ressemble à quelqu'un ce n'est pas à celle qu'on croit, mais plutôt à Emmanuelle Seigner, une dose de folie en plus.
Car le rôle que lui a offert Guillaume Gouix nécessite de constantes ruptures dans son personnage. Elle doit aussi amadouer, voire reconquérir, sa sœur qui est au moment de la vie où la jeunesse fout le camp. Elodie Bouchez est une quadragénaire qui accepte déjà sa cinquantaine, physiquement comme mentalement. Le retour imprévu de sa sœur va lui permettre un spectaculaire bond en arrière.
Sans vraiment accumuler les péripéties, Guillaume Gouix maîtrise un récit qui se concentre sur ces deux femmes apparemment totalement opposées comme la glace et le feu. Le couple fonctionne très bien dans tous les sens et leur rapprochement ne semble pas factice.
Bref, on se laisse prendre au savoir-faire du néo-réalisateur ainsi qu'à l'allant de ses deux comédiennes. Pas évident de prévoir qu'elles seraient aussi fusionnelles.
"Amore Mio" de Guillaume Gouix est une bonne surprise, idéale pour un printemps précoce.
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