The World Ended a Long Time Ago
(Ici d'ailleurs) décembre 2023
This Immortal Coil est une sorte de "super groupe". De ceux qui n'existent que par miracle en voyant se regrouper tout un tas d’acteurs de la scènes musicales internationales autour d’un projet commun.
Ce projet initié en 2009 par Stéphane Grégoire est au départ un hommage à John Balance décédé en 2004 et membre du groupe Coil (mais aussi Prefuse 93 ou Death in June, autant dire qu’il ne faut pas s’attendre à de la fanfare avec batucada ici). D’où le nom qui est d’ailleurs un double hommage puisqu’il fait également un clin d'œil appuyé à un autre super groupe du nom de This Mortal Coil, sorte de méga groupe composé des artistes de chez 4AD.
Bref, après The dark age of love en 2009, This Immortal Coil a repris du service en 2022, plus de 10 ans après la mort du second membre de Coil, Peter Christopherson parti en 2010 et le groupe à géométrie variable a encore pris de l’ampleur avec un casting impressionnant.
Shannon Wright – David Chalmin – Matt Elliott – Christine Ott – Aho Ssan – Gaspar Claus – Aidan Baker (Nadja) – Franck Laurino (Zëro) – Kristoffer Rygg (ULVER) – Ole Alexander Halstensgård (ULVER) – Stian Westerhus (ULVER) – Massimo Pupillo (Zü) – Mattia Cipolli – Elisa Bognetti – Stefano Michelotti (Zü) – Francesco Bolognini – Márton Csókás – Ivan Chiossone (Zëro) – Eric Aldéa (Zëro)
Le mélange des genres pourrait faire peur, mais l’écoute de l’album lève vite les doutes. On est dans la droite lignée de ceux par qui tout est arrivé, c'est-à-dire le groupe Coil, une musique dense, noire, tantôt très organique, tantôt plus électronique.
Noire certes mais brillante pourtant, tant la musique de TIC nous porte, nous transporte, nous émeut comme "Titan arch", littéralement habité par son chanteur ou "Cold cell" qui n’est pas sans rappeler, là encore les meilleurs moments des albums de This Mortal Coil. Magnifique d’élégance et d’émotion. Que dire également de "A white rainbow" qui nous laisse KO, technique avec son électro planante et hypnotique portée par la voix de Shannon Wright et les ondes martenot de Christine Ott. Sublime. On pourrait citer chaque titre et dire tour à tour tout le bien que l’on en pense autant que tout le bien qu’il nous fait. Ce serait long et surtout cela gâcherait sans doute un peu le plaisir de la découverte, le premier frisson que vous ressentirez à la première écoute de cet album magique.
Avec ce The World Ended a Long Time Ago, on plonge à la fois dans les grandes heures de la cold wave des années 80/90 tout en ressentant un souffle nouveau. Le changement dans la continuité, le confort de l’aventure. Les expérimentations sonores ne sont jamais là gratuitement. Personne ici, malgré l’impressionnant casting ne se regarde le nombril et tout ce que l’on entend semble parfaitement à la bonne place et au bon moment.
Un disque délicat sans être élitiste. Un disque bien évidemment à écouter avec toute l’attention qu’il demande, ce n’est pas le genre de musique à écouter en passant l’aspirateur ou lors d’une soirée raclette entre amis. On est plutôt dans une ambiance pénombre, bougie et verre de vin rouge, idéalement avec la pluie qui tombe dehors. Un écrin idéal pour un objet sinon unique tout au moins remarquable dans la masse d’objets sonores qui sortent tous les jours.
Un disque précieux, une expérience quasi mystique et une envie que ce super groupe remette cela bientôt, parce que autant pousser l’hommage jusqu’au bout et, comme This Mortal Coil, sortir au moins un triptyque qui restera sans doute comme ce super trio "It’ll end in tears”, "Fillgree and shadow" et "Blood” dans les annales de la musique pas comme les autres, comme dirait Bernard Lenoir.
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