Comédie dramatique d'après un roman d'Eric-Emmanuel Schmitt, adaptation et mise en scène de Xavier Lemaire, avec Isabelle Andréani, Benjamin Egner, Pascale Blaison et Elsa Moatti.
Au sous-sol du Grand Hôtel de Yunai, Madame Ming est dame-pipi. Elle voit défiler les habitués et les voyageurs dans cette ville chinoise de deux millions d'habitants.
Femme affable et friandes de devises de Confucius qu'elle utilise à bon escient avec beaucoup de philosophie, elle règne sur les toilettes des hommes.
Un homme d'affaires qui descend souvent au Grand Hôtel pour négocier des contrats la connaît bien et au fil de ses visites, a tissé avec elle des liens d'amitié. Celle-ci lui raconte avoir dix enfants. Or, avec la politique de l'enfant unique en Chine, cela est a priori impossible. Pourtant, les enfants de Madame Ming paraissent bien réels...
En adaptant le roman d'Eric-Emmanuel Schmitt "Les Dix Enfants que Madame Ming n'a jamais eus", paru en 2012, Xavier Lemaire en propose une version pleine d'inventivité.
Dans un joli décor en bois de Caroline Mexme représentant l'entrée des toilettes pareilles à un temple, deux escaliers de part et d'autre permettent d'accéder à une terrasse qui surplombe l'ensemble.
A l'aide des magnifiques marionnettes fabriquées et animées par Pascale Blaison, il crée un univers très particulier renforcé par le violon virevoltant d'Elsa Moatti, à la création musicale également, qui ponctue ce récit avec délicatesse.
Grâce à la précieuse inspiration de Madame Ming, cet éternel célibataire qui refuse de s'engager verra sa vie bouleversée. En racontant la vie de chacun de ses enfants et avec les sentences de Confucius que celle-ci égrène à chaque rencontre, elle livrera à son interlocuteur une belle leçon de vie.
La fantaisie d'Isabelle Andréani, toujours impeccable, fait merveille dans cette fable onirique. Epatante marionnettiste, Pascale Blaison est également une très émouvante comédienne. Et Elsa Moatti, toute en espièglerie et légèreté, régale le spectateur de chacune de ses apparitions.
Quant Benjamin Egner, formidable dans l'humour comme dans la gravité, il est l'homme d'affaires et le narrateur de cette histoire poétique si singulière d'Eric-Emmanuel Schmitt contenant tout le charme de l'Asie, mais aussi tous les paradoxes de la Chine d'aujourd'hui.
Avec ce "Madame Ming" splendidement mis en scène, Xavier Lemaire propose un joli conte empreint de bonté et de sagesse. |