Babx, un nom imprononçable, mais à prononcer "Babix", un précoce auteur-compositeur-arrangeur-interprète et un premier album éponyme en français qui fait mouche et s'avère une des plus belles pousses de ce printemps.
Des musiques aux rythmes très contemporains qui puisent aux meilleures sources, des textes inspirés dont la plume a trempé dans l'encre des poètes et une voix asexuée dont la scansion atypique se prête autant à la sensualité qu'à la théâtralisation. Trois atouts pour un cocktail détonnant qui donne naissance à une vraie signature et surtout une belle preuve de créativité et de talent qui perpétue, avec créativité et talent, bien ancré dans les réalités du 21 ème siècle la veine poétique des plus grands noms de la chanson française.
L'album démarre sur trois accords de contrebasse avec le tubesque "Silicone baby" très Saint Germain des Prés années Gréco et Vian sur les diktats du paraître et les mirages de la chirurgie esthétique. Ca balance pas mal et le scalpel virevolte au dessus de celle qui n'est qu'un "bloc à plastiquer".
3 minutes 20 plus tard, le piano grandiloquent pour un Babx apprenti sorcier prend à la gorge avec les allitérations gainsbouriennes et ses grosses guitares glam rock pour Lili qui dort dans "Crack maniac", univers noir où le cerveau napalm danse sur le trottoir.
Car Babx a le chic pour croquer les histoires choc couvertes par le "Secret professionnel" et craquer sur la fille bidon bonne à zapper de "Lettera".
Et puis, volteface, Babx joue avec les émotions et les souvenirs pour un registre plus intimiste. Après l'ode à la figure maternelle musicienne et les premiers émois du petit voyeur de "Sous le piano de ma mère" dans un piano/voix, et u n tryptique très Ferré années 60 avec "Quand tu m'embrasses" très Ferré ("Quand tu m'embrasses/Ca joue la tarentelle/Le hot brass en jarretelles/Et les cordes qui cassent/Quant tu m'embrasses"), et "Tes lèvres" ("Tes lèvres ont le parfum/Roublard des maisons closes/Que des oiseaux taulards/Ont barbelées de roses").
Entre temps, il joue la petite fille aux allumettes se transforme en feu de Bengale dans "Kamikaze" plutôt rock.
Babx, sorte d'Hans Bellmer contemporain qui jouerait avec des poupées Barbie et des cœurs en steak haché, tisse des atmosphères à la fois familières et étranges donc inquiétantes. Le romantisme échevelé côtoie le réalisme crû des BD pour adultes, la sensualité exhale autant des tombeaux incertains des "Bains de minuit" que du jack un peu louche du "Cœur larsen".
Babx a 24 ans. De quoi avoir vraiment confiance en l'avenir de la chanson française. |