Non, Naïssam Jalal n’est pas simplement une exceptionnelle flûtiste "jazz", c’est également une femme de convictions (des convictions qui irriguent naturellement sa musique).

On sait, depuis les temps reculés la puissance de guérison, la vertu thérapeutique que peut apporter la musique. Quelque chose que Naïssam Jalal a expérimenté : "J’ai dû, à un moment douloureux de ma vie, passer quelques semaines à l’hôpital. Un ami musicien, est venu jouer dans ma chambre. L’impact de la musique a été très fort d’un point de vue moral, intérieur, mais aussi physiologique. Par souci de rendre à d’autres ce que j’ai eu la chance de recevoir, j’ai souhaité aller jouer en chambre".

En résulte ce magnifique disque où les "rituels de guérison imaginaires répondent aux trois impératifs du corps en souffrance : le silence, la transe et la beauté. Le silence pour le calme, l’apaisement et la contemplation. La transe pour l’oubli des douleurs et des angoisses. La beauté dont l’esprit a besoin de se nourrir pour retrouver l’espoir et l’envie de vivre face à la laideur du corps qui souffre".

L’aimantation que nous éprouvons pour ce disque est d’un ordre presque magique, initiatique, magnétique. En formation quartet (avec Clément Petit au violoncelle, Claude Tchamitchian à la contrebasse et Zaza Desidero à la batterie, des musiciens qui jouent avec une grande synergie), Naïssam Jalal exprime comme une tradition oubliée (mélangeant les esthétiques traditionnelles, les modes de jeu, le chant) mais avec quelque chose de très contemporain dans l’écriture.

C’est une histoire de vibrations, d’énergies, de notes qui virevoltent, d’une profondeur de timbres, de rituels (influencés par la nature : le vent, le soleil, la terre, la forêt...). Et puis rassurez-vous, il n’est absolument pas nécessaire d’être souffrant pour apprécier pleinement ce disque, son côté mélodique, apaisant ! Quoi qu’il en soit, voilà un très beau disque qui fait du bien !