Les gens de Calla
sont charmants. Qui plus est, ils font de la musique compliquée
et intelligente. Aurello, sorte de Robin
des Bois moderne, scrute les clients du Café Charbon pendant
que Wayne s’endort devant son café
et que Pete, tout sourire, s’affaire
avec le manager.
Comment décrivez-vous votre nouveau disque
"Collisions" ?
Pete : C’est un disque plus rock.
Wayne : Plus agressif.
Aurello : Plus axé sur les guitares. Nous
voulions un disque dont l’énergie est basée
sur les guitares. Il est plus agressif. Certains le trouvent joliment
"moelleux" mais dans l’univers de Calla, il est
heavy.
Pour cet album, vous avez collaboré avec
le célèbre producteur
Victor Van Vugt. Comment l’avez-vous rencontré ?
Aurello : Nous avions de nombreux amis communs
mais nous ne le connaissions pas. Je l’ai rencontré
grâce à une ex-petite amie. Je n’ai pas compris
tout de suite qui il était. Nous nous sommes assis, avons
parlé musique et je me suis dis que cela pourrait fonctionner.
Je lui ai demandé et il m’a dit ok.
Il y a eu beaucoup de changements pour Calla
depuis "Televise". Comment cela a-t-il influencé
votre travail ?
Pete : Le caractère agressif de l’album
reflète cette période, une période incertaine.
Beaucoup de choses tournaient mal ensemble.
Aurello : Nous avons perdu notre label et notre
manager. Nous n’avions pas d’argent pour enregistrer
l’album.
Pete : Depuis que l’album a été
enregistré, cela va mieux.
Aurello : Nous avons enregistré "Collisions"
en trio. Alors nous continuons en trio les tournées, la promotion
de cet album en trio. Comme Pete l’a dit, je crois que le
disque parle pour nous quant à ce que nous vivions à
ces moments là.
Pourquoi Sean est-il parti ?
Wayne : Il y a sûrement plusieurs
raisons. Mais depuis un moment, cela devenait conflictuel. Je pense
que c’est la principale raison.
Aurello : C’était frustrant pour
nous tous mais pour lui cela ne fonctionnait plus. Il ne prenait
plus de plaisir avec Calla. Il ressentait : "Nous allons nulle
part !". Il y avait également des différences
créatives.
Comment écrivez-vous vos chansons ? La
musique de Calla est très complexe. Comment procédez-vous
?
Aurello : Nous travaillons chacun de notre
côté. Nous le faisions déjà quand Sean
était dans le groupe. Nous enregistrons les rythmes et les
samples et j’écris le texte. Nous arrivons avec des
versions de travail et nous commençons notre travail en commun,
à couper, coller, assembler les choses ensemble et nous décidons
de la direction à donner au morceau. Sur "Collisions",
nous voulions qu’il soit plus live. Nous avons travaillé
comme avant. Wayne est arrivé avec des idées, Pete
aussi. Quand nous sommes ensemble, nous commençons sur l’ordinateur
à couper / coller, programmer en choisissant ce que nous
voulons puis nous jouons le morceau live pour connaître son
énergie.
Wayne : Nous avons mixé toutes les parties
de cet album pour les guitares, toutes les séquences, même
les samples. C’est une approche différente, que nous
n’avions pas encore expérimentée. Un autre objectif
était de créer des morceaux denses dont chaque partie
est plus lourde.
Aurello : Nous nous sommes concentrés sur
les fondations du morceau. Si nous avions trois titres incomplets,
nous les coupions et les assemblions pour créer une seule
chanson. Nous faisions déjà cela mais moins.
Wayne : Ce disque est influencé par notre
manière de jouer live. Il y a une progression et des textures
en arrière-plan. Calla expérimentes et nous sommes
plus un groupe live. Nous avons en plus l’opportunité
de tourner intensivement. Nous avons joué dans d’autres
groupes avant et c’est plus facile ensemble.
Aurello : Nous composons aussi ensemble plus facilement.
Pete : Pour beaucoup de groupe, le quatrième
album est un live et paraît plus sophistiqué. Nous
avons fait cela, en studio.
Travaillez-vous intensivement vos textes ?
Aurello : Oh oui ! Tout le temps, chaque jour.
Je suis toujours dessus, encore plus quand je travaille sur un disque.
Quand je marche dans les rues de NYC, partout en fait je pense à
ça. Certaines situations m’inspirent, différentes
choses que j’entends ou que je vis moi-même. C’est
un processus très longs. La plupart du temps, il y a deux
ou trois versions d’une chanson avant que je tranche en vue
de la mettre sur disque. Cela dépend du morceau.
Quand j’écris, j’utilise une
version épurée de la chanson et je cherche les lignes
directrices. Quand j’ai une mélodie vocale en tête,
je m’empresse de la retenir et je base tout sur cette ligne.
Tu t’imagines que tu sais ce que je veux dire mais les mots
viennent tout seul. Quelque fois tu es connecté à
tes pensées, aux événements qui t’affectent
personnellement, mais souvent cela vient plus naturellement, comme
une résultante.
Vivre à NYC est important pour votre musique
?
Aurello : Pour moi, oui.
Pete : Oui.
Quelle est l’influence de la ville sur
Calla ?
Pete : NYC ne ressemble à aucune
autre ville des USA. C’est une "ville-monde", pas
seulement américaine. C’est amusant de voir tous ces
gens concentrés dans une si petite zone. A l’inverse,
c’est très difficile d’y survivre : c’est
très cher. Tu as intérêt à tenir sur
tes jambes. Mais je pense qu’il y a de la fierté à
être musicien dans cette ville. J’adore cette ville.
Aurello : Tu es exposé à une large
audience. Des écrivains, des peintres, des photographes.
Tout est artistique, tout est intéressant. Comme Pete l’a
dit, il y a beaucoup de gens qui réussissent et beaucoup
qui échouent. Tu as intérêt à tenir sur
tes jambes. Wayne est texan, pose-lui la question !
Wayne : Je veux dire que c’est compact.
Les relations sociales… Souvent j’ai été
frustré.
Aurello : C’est une relation haine / amour.
Mais cela te rend vraiment sensible, vraiment…
Wayne : En colère !
Aurello : Oui, en colère, dans tous les
sens du terme. Tu te bats et cela te fait travailler dur. Si je
revis au Texas ou ailleurs, je vivrai différement.
Wayne : Où que tu sois dans le monde,
cela t’affecte dans ce que tu fais artistiquement.
Aurello : Cause et Effets.
Wayne : Je suis venu habité à NYC.
Cela m’a ouvert les yeux sur certaines choses auxquelles je
ne m’intéressais pas. En arrivant à NYC, cela
nous a fait aussi jouer différemment.
Que reste-t-il de vote collaboration avec Michael Gira ?
Aurello : Nous sommes encore en contact par mail
ou chat.
Pete : Nous avons travaillé avec différents
producteurs. Ils avaient tous leur vision des choses sur le chant
et les guitares.
Aurello : Nous avons beaucoup appris de Michael. Nous travaillions
sans l’expérience du studio, sur un quatre pistes et
un ordinateur. Au studio, nous étions intimidés. Quand
nous sommes arrivés, Michael était là et il
a changé notre façon de voir les choses, notre approche.
Nous continuons à discuter et à écouter son
travail.
Quel sera la setlist ce soir ? Car "Collisions"
est très différent de vos précédents
disques…
Pete : Nous allons jouer des morceaux de
"Televise" mais surtout nous concentrer sur "Collisions".
Aurello : Cela a été un travail
dur. Nous avons essayé d’inclure des morceaux de chaque
disque mais lorsque l’on faisait quelque chose du premier
album, la plupart du temps cela ne convenait pas dans le set. Alors
nous sommes bornés à "Televise". Comme Pete
disait, nous promouvons "Collisions" donc il y a beaucoup
de morceaux de cet album.
Quels sont vos projets pour les prochains mois
?
Aurello : Nous sommes en Europe pour un mois puis
nous retournons jouer un festival au Texas. Après cela, nous
sommes libres. Nous voulons commencer à enregistrer le nouveau
disque. Parce que cela a été trop long entre "Televise"
et "Collisions". Nous n’avions pas d’argent,
cela a pris du temps pour que les titres sortent. Nous voulons enregistrer
le prochain rapidement.
Pete : Nous serons de retour en août pour
les festivals.
Dernière question : pouvez-vous résumer
Calla en trois mots ?
Aurello : Wayne, Aurello et Pete ! Non…
Le mot qui me vient à l’esprit, à des chroniques
que j’ai lues est "fier".
Wayne : "Confus". Dans le sens positif
du terme. Comme le Velvet Underground avec des styles si différents.
Oui "confus" dans le meilleur sens du terme.
Pete : "Prometteur". (Rires des trois)
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