Mais quel style musical se cache derrière cette étrange pochette aux couleurs très colorées façon pastel ? Pourtant, le logo du groupe illisible nous oriente très clairement vers du black metal et de la musique extrême. C’est bien évidemment la force de cette pochette de ne renvoyer sur aucun statut particulier en jouant sur les paradoxes. Nature Morte, par la richesse de ses influences, est bien plus effectivement qu’un groupe de black.

Nature Morte est donc un trio parisien composé Chris Richard (basse / chant), Stevan Vasiljevic (guitare) et Vincent Bemer (batterie). Il sort son troisième disque aux confins du black (par la voix) du post metal (long titre progressif voire contemplatif) et du shoegaze. Il y a d’ailleurs un fort contraste entre cette voix criarde et oppressante et les mélodies parfois envoûtantes du disque.

"Bruises & Lace", le premier titre, nous plonge pendant plus de 8 minutes dans cette étonnante variation entre sonorité mélancolique et hurlements. "Banquet overflow for the mind house" est probablement le titre ultime de ce disque avec un démarrage de basse limite new wave pour arriver à un déluge sonore hyper violent et finir sur quelques notes d’accalmie.

On pense parfois aux américains de Deafheaven qui ont également cette force d’allier à la fois musique extrème et indie rock leur permettant ainsi d’être apprécié par la presse hype type pitchfork.

On signalera la présence de deux invités qui permettent à l’album de souffler : Cindy Sanchez (du groupe Lisieux) apportant ainsi une voix féminine sur une mélodie vaporeuse limite My Bloody Valentine pour le titre "Here Comes The Rain", et Lionel Forest (du groupe Cloudy Skies) avec une voix bien grave limite gothique sur la chanson "Nothingness". Le groupe termine d’ailleurs l’album avec une reprise très sombre de "Fireal" des Deftones.

Oddity est un album d’une complexité fascinante qui en fait un album majeur de l’année.