Texte de Charlotte Perkins Gilman mis en scène par Laetitia Poulalion et Mathilde Levesque avec Laetitia Poulalion
Enfermée dans la chambre isolée en haut d'une vieille demeure louée pour trois mois par son mari médecin pour la guérir, la narratrice passe ses journées à dormir et consigne ses impressions dans un journal.
Atteinte d'une dépression après la naissance de son enfant, le traitement qui lui est réservé, loin de la soigner, va attiser ses délires hystériques. Elle va notamment nourrir une obsession pour le papier peint de la chambre qu'elle va voir se modifier.
Dans une longue robe blanche qui est en réalité le prolongement du drap qui la retient prisonnière à son lit (beau travail de Mariannick Poulhes) devant un fond couvert de racines tel l'enchevêtrement des circonvolutions de son cerveau (scénographie superbe de Sandrine Lamblin), Laetitia Poulalion, finement éclairée par Richard Arselin, rayonne dans ce monologue.
Avec une subtilité de jeu peu commune, la comédienne qui a co-mis en scène le spectacle avec Mathilde Levesque, mène magistralement ce huis-clos aussi fort que captivant où elle fait passer avec acuité toute l'évolution de la psyché de cette femme. C'est magnifique.
Dans la nouvelle éponyme, le texte autobiographique de Charlotte Perkins Gilman aux fulgurances poétiques écrit en 1892 (et fort bien traduit par Marine Boutroue et Florian Targa),"Le Papier peint jaune" décrit le parcours mental de cette femme pour échapper à la domination de son mari et gagner son indépendance.
La musique d'Alexandre Saada sublime avec émotion ce récit et lui confère toute sa dimension fantastique tandis que la création sonore d'Emilie Tramier lui donne une belle étrangeté et le pousse un peu plus à l'intérieur de l'âme en proie aux hallucinations de ce personnage en lutte avec ses démons et tentant de se défaire de l'emprise patriarcale.
Un travail esthétiquement superbe qui montre l'éclatant talent d'une comédienne au sommet de son art.
Un grand spectacle à ne surtout pas rater.
la pièce sera jouée à Avignon au Théâtre Transversal du 29 juin au 21 juillet 2024 à 14h20
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