A l'écoute de Palo Santo, quatrième album de Shearwater, on imaginerait volontiers son leader, Jonathan Meiburg, en chantre pastoral au charisme enivrant, beau d'une beauté insolente, mèche sur le bord des yeux, être insupportable suffisant de théories en tout genre.
Niet. Jonathan est un être, réel, humain et vivant, look d'étudiant en archi', simple et fragile comme ses chansons. Le regard perçant comme "La dame et la licorne" et sa lente montée puissante.
Rencontre impromptue sur les bords de Seine.
Bonjour Jonathan…Comme souvent lorsque je découvre un album phénoménal, je découvre à peine l'artiste... C'est encore le cas avec Sheawater, que j'ai découvert à travers ce quatrième album. Pourriez vous en synthèse nous résumer les trois premiers ?
Jonathan Meiburg : Content que vous découvriez à peine ! Disons que The dissolving room , notre premier album, a été composé en seulement quelques jours du coté d'Austin, avec l'envie de faire une musique différente, l'album étant sorti, nous avons jugé qu'une suite était nécessaire, l'envie était là.
Everybody makes mistakes et Winged life ont tout logiquement suivi, mais l'ensemble était à mon sens trop rigide pour être adapté au live, les chansons ne s'étiraient pas assez, c'était un brin figé. Et je pense sérieusement que Palo Santo, ce quatrième album, est celui qui nous reflète le plus, le plus assumé dans un sens. Et justement vous étiez hier en concert à Paris en première partie d'Emilie Loizeau je crois, comment cela s'est-il passé ?
L'attaché de presse, frénétique : Très bien et surprenant, vu que c'était un live en solo avec seulement Jonathan. Il fallait voir le public poussait des cris de surprises sur la première chanson, "La dame et la licorne" qui débute tout doucement, et d'un coup Jonathan qui commence à hurler. Plein de "Oh !" et "Ah !" de surprises de la part du public !! Très amusant…
Jonathan Meiburg : Un très bon moment oui, vu que j'étais en session solo, un peu obligé d'alterner les chansons au piano et à la guitare. Quant à savoir si c'était un bon show, je pense que seules les personnes qui aiment viennent te voir pour te le dire, les autres….Mais nous revenons au complet à la rentrée, octobre ou novembre je crois.
Tu dis que cet album est le plus représentatif de votre état d'esprit. Pour moi qui découvre Shearwater par Palo Santo, l'émotion première de votre musique est la mélancolie, le spleen. Tu es d'accord avec ça ? Tu ressens le besoin d'être sad to be happy ?
Jonathan Meiburg : (Etonné) Tu trouves notre musique glauque ? Je dirai plutôt nostalgique, comme un chemin vers la lumière, sur des chansons comme " Seventy four seventy five" ou "Sing little birdie" par exemple. La tristesse ou la mélancolie pour la mélancolie ne servent à rien. Je ne sais plus quel grand artiste disait que les artistes heureux n'existaient pas. Nous avons tous un peu nos névroses et nos moyens de les exprimer !
Oui alors qui est leader du groupe exactement, pour faire passer toutes ces émotions ?
Jonathan Meiburg : (Jonathan qui lève la main) : Moi ! Je ne crois pas à la démocratie dans un groupe, c'est des conneries (rires)…J'apporte la base, certaines idées sont bonnes, d'autres mauvaises, on tranche et il me tarde de défendre cet album sur scène.
Tu possèdes une voix impressionnante, et les titres s'enchaînent de manière hallucinante, tu peux passer d'une chanson à la Thom Yorke à celle du chanteur d'Arcad Fire ou encore Devendra Banhart. C'est inconscient ou c'est un jeu ?
Jonathan Meiburg : Fou comme cette question revient souvent ! Disons que j'essaye de ne pas m'ennuyer ! (Rires). Sérieusement, oui c'est inconscient depuis le départ, j'adore des milliers de chanteurs, Devendra notamment, toute cette scène. J'essaye néanmoins de m'isoler en enregistrement, ne pas écouter ce qui se fait…
Mais si tu veux que je te cite des références, je pense aux Baptists Generals, faut absolument que t'écoute ça ! Le chanteur a une voix hallucinante. Ou même Sinead O'Connor, qui a une palette incroyable…Après en ce qui nous concerne, difficile de dire ce qui nous inspire, au delà des étiquettes folk ou rock… La nouvelle scène folk américaine, The Devastations, The Strugglers, ca t'inspire ?
Jonathan Meiburg : Je ne connais pas tout ces gens! (rires) Je te dis on marche un peu en circuit fermé, on est juste content de tourner pour cet album, sortir des USA, et Paris est une ville magnifique, même si je préfère la campagne cela dit. Et mon Texas. Tu sais les USA changent, ce n'est plus vraiment l'image que vous vous en faîtes, on y mange de mieux en mieux de jour en jour! Pour revenir à ta question, plus que la scène américaine…Tiens tu vois si je devais citer un album de référence, ce serait surement" Music of the Madagascar", un truc comme ca, avec une pochette avec des montagnes vertes, c'est un album incroyable, fait d'instrumentaux, avec des instruments locaux à formes bizarres, délirant !! Je te le conseille vivement, cela dépasse la musique selon moi, et les voix me prennent vraiment aux tripes.
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