Spectacle de Ferdinand Barbet et Clément Viktorovitch, mis en scène par Ferdinand Barbet avec Clément Viktorovitch.
Quand on ne sait rien de Clément Viktorovitch avant de le voir sur les planches du Théâtre Saint-Georges, on ne peut qu'être surpris par sa capacité de remplir une telle jauge théâtrale. Et double surprise : avec un public jeune mais pas uniquement... Sans doute la conséquence de son long passé de chroniqueur radiophonique.
On ajoutera que, dès qu'il paraît devant ses admirateurs, on les voit heureux, attentifs. On aurait presque envie de parler de ferveur sans qu'il ne joue les "super-stars" ou les "gourous". Un petit murmure gagne aussi la salle quand tous s'aperçoivent qu'il a une perruque. C'est la surprise du chef puisque sur l'affiche de "L'Art de ne pas dire", il est un petit chauve à lunettes rondes...
Tout s'explique car il va raconter une histoire, celle d'un conseiller du prince tombé de sa position privilégiée justement pour une sombre histoire capillaire, puisqu'il avoue avoir imputé à la collectivité l'achat de cette maudite moumoute.
Avant de dire ce qu'on pense vraiment de cet "art de ne pas dire", il faut être conscient que Clément Viktorovitch n'en aura cure. Et il aura raison car il fait bien son "job" comme diraient ces clients... Son récit est clair, bien mené, plein d'humour et il sait se vendre, élégamment mis en valeur devant un rideau composé d'une alternance de rayures noires et noires. Il ne faut donc pas oublier de citer son coauteur, Ferdinand Barbet, qui a su le mettre en scène avec pertinence et sobriété.
Clément se reconnait un double savoir : celui de rhétoricien et celui de communicant et on ne trahira pas sa pensée en écrivant qu'il est persuadé que l'addition de ses deux "spécialités" est déterminante en politique et dans l'efficacité de sa méthode.
Bien entendu, en utilisant comme démonstration de ses analyses l'exemple d'un député devenu président, il fait semblant de ne pas parler de l'actuel locataire de l'Elysée. Pourtant, tout finit par concorder avec Monsieur M. Et comme notre rhétoricommunicant est d'abord et avant tout un bavard à fort débit, il est fort possible que la plupart du public aura vite oublié ce présupposé selon lequel il ne parle pas exactement du fondateur d'En Marche. Heureusement d'ailleurs, car s'il croit, comme Jacques Séguéla il y a quarante ans avec François Mitterrand, que c'est la communication qui a fait gagner son poulain, il est bien naïf... On ne lui rappellera quel rusé politique était le premier socialiste de la cinquième république, on lui signalera que son descendant actuel aura d'abord été un ministre important et qu'il a été soutenu par tous les oligarques propriétaires de quasi tous les grands titres de la PQR et de la presse nationale...
Quant au travail de réécriture des mots et des choses qui aurait le pouvoir de tromper un électeur lambda, c'est faire peu de cas de l'intelligence des pauvres qui n'ont pas besoin d'un rhétoricien hors pair pour comprendre quand leur soupe devient claire et sans viande.
Bref, on dira, en pure perte, aux jeunes gens qui apprécient son tir au pigeon anti présidentiel, que leur champion n'est que le double de celui qu'il réussit avec talent à massacrer. Il use des mêmes armes et pourrait, pourquoi pas, un jour prochain le conseiller...
On n'interdira à personne d'aller rire avec Clément Viktorovitch. Pour une éducation politique moins superficiel, il vaudrait mieux d'abord s'habituer à penser par soi-même.
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