Comédie écrite et mise en scène par Antoine Seguin, avec Clotilde Daniault, Chantal Deruaz, Yvan Garouel, Aldo Gilbert, Anne Habermeyer, Lorenzo Salvaggio, Antoine Séguin et Elrik Thomas.

"Tragique Academy" fait partie des comédies légères qui fleurissent avec les premiers rayons du soleil pour égayer notre printemps et préparer aux insouciants délices des vacances estivales. Le titre, explicite, est un peu racoleur, mais résume bien l'argument de la pièce.

Une troupe amateur d'une municipalité rurale menée par deux survivants du théâtre expérimental soixantehuitard s'échine à donner, dans les règles de l'art déclamatoire, une représentation d'une sombre et pathétique tragédie quand surgit un animateur de télévision qui va réquisitionner leur théâtre pour diffuser une émission de chanson-réalité. Suivant l'adage "Qui peut le plus peut le moins", qui peut jouer une tragédie antique peut improviser un numéro de variétés.

Antoine Seguin a concocté une comédie hilarante, et drôlatique, avec une galerie de portraits savoureux qui fait la part belle aux rôles de composition et au jeu des acteurs qui sont en l'espèce parfaits. Rires assurés !

Mais le spectacle est peut être moins anodin qu'il peut paraître au premier abord car il y est distillé, à doses homéopathiques et jubilatoires, de manière parfois presque subliminale, quelques réflexions bien senties sur le métier de comédien et la situation actuelle du théâtre, et de la culture, face à l'hégémonie lobotomisante du tentaculaire petit écran

A côté des grandes pointures que sont Chantal Deruaz, en impériale Phèdre reconvertie dans la boucherie, Yvan Garouel en directeur de théâtre pragmatique et Elrik Thomas en animateur allumé et vibrionnant, Clotilde Daniault (l'assistante gourdasse), Antoine Seguin (l'homme à tout faire illuminé), Anne Habermeyer (l'actrice en devenir), Aldo Gilbert (en pompier polonais) et Lorenzo Salvaggio en gigolo bellâtre forment une brochette de joyeux lurons qui s'en donnent à cœur joie pour le plus grand plaisir des spectateurs qui, comme le conclut Yvan Garouel, seront venus voir de vrais gens.