Tout allait bien pour Victor Roux, auteur de 3 albums sous le nom de Grimme, réalisateur artistique pour Eddy La Gooyatsh ou Laurent Lamarca, compositeur pour Pomme, notamment avec Ben Mazué, une vie heureuse à la campagne avec femme et enfants… et puis le drame, la maladie qui s’invite, qui s’en prend à son épouse, jusqu’à l’issue fatale.

Pendant tout ce temps, plus de 2 ans, Victor Roux vit dans un ascenseur émotionnel permanent, entre l’espoir d’une guérison et ce mal incurable qui finit par gagner la partie. 2 ans à écrire des textes qui se retrouvent au final sur ce disque. Des textes chargés d’amour, d’espoir, de chagrin, mais aussi d’envie de vivre et de déclarer tout haut que la vie est belle et qu’il faut en profiter tant qu’il est temps. 

Pour autant, aucun voyeurisme dans ses chansons, juste de l’émotion qui forcément se communique à l’auditeur. Juste 13 chansons qui ne peuvent pas rendre plus bel hommage à Amandine, son épouse disparue ("J’aimerai t’offrir le meilleur", "Tu guériras", "Tu danses encore"...).

Un disque qui dit l’amour et la peine avec une élégance et une pudeur exemplaire au travers de ces chansons que l’on pourrait qualifier de pop, mais qui dans le fond tiennent aussi du blues. C’est toujours bizarre de dire que l’on peut trouver belles des chansons qui portent la douleur de son auteur et pourtant, c’est bien ce qu’il se passe avec ce disque chargé d’émotion et qui fait mouche. On est touché par ce discours si personnel mais aussi tellement universel. La perte d’un être cher est une épreuve douloureuse, savoir la chanter en certainement un chemin possible vers l’acceptation, mais avoir écouté ces mots sont aussi un baume réconfortant pour d’autre.

Le Monstre et la maison est une réussite et Victor Lee Gabriel s’expose à nu, comme il expose désormais son nom avec lequel il signe ce premier album de sa nouvelle vie. Un disque qui s’écoute comme un disque de chansons avec la profondeur d’un disque de blues, et le tout en français ce qui ne fait qu’ajouter du piquant à la performance.  "En hiver" qui termine l’album ne manquera pas de nous tirer une larme.

Un album tristement magnifique, magnifiquement dramatique, et surtout un auteur compositeur de premier ordre.