J'ai toujours eu horreur des grandes chaleurs estivales, les 30° bien tassés, les journées à crever au soleil un verre de limonade poisseux dans les mains.
C'est le temps de tous les interdits : prohibition des vestes en velours noir, de l'alcool avant 19 h, des longues marches dans la ville en quête de on ne sait quoi, des discussions qui demandent à réfléchir...
Et c'est sous ce feu que les mégots de cigarette tombés à terre telles des douilles sèches, brûlant la bouche et la gorge dans une dernière projection de fumée. Fumer n'est même plus un plaisir, surtout quand on se brûle à tous les coups à grand renfort de zippo dont on ne voit plus la flamme. Bref, l'enfer est sur terre. Alors il faut vivre la nuit, devenir un véritable vampire, pestant sur le soleil dès les 5h40 du matin, les Ray Ban mercure déja sur les yeux.
Et tout les ans le même souci : que peut-on écouter dans cette fournaise ? Quelle musique peut encore faire vibrer un corps mort par la chaleur ? Moi on me propose Shout Out Louds, album suédois sorti à la fin de l'hiver.
Quand toute personne censée préférer de la musique grasse jouée par des filles à gros nichons coincées dans de petits bikinis, on me propose la pâleur de la Suéde, les beautés à peau laiteuse et les regards amoureux sur la place de Bruges. Et dès la pochette on sait que l'on va devoir ressortir du placard tout ce que l'on avait ranger pour l'été : l'urbanisme, les voix torturéesr, les ambiances opaques, le romantisme... Tout ça on le sait, les couleurs de la pochette le crient : crème, vert et noir.
Et l'album commence, l'album au nom bizarre : Howl Howl Gaff Gaff. Et ça commence par un bruitage, celui que l'on trouve dans tout les jeux vidéo de course automobile: "tim tim tiiimmm". Et puis la, grosse basse et petite guitare, comme sur le deuxième album des Strokes, "Room of Fire". Chanson dans l'esprit "The End As No End" mais avec la voix d'un Robert Smith jeune et Pop. Le Robert Smith de "Kiss me Kiss me" quoi! Une voix en éclat de verre qui chante de vraies paroles (pour une fois) : "I'm Kind Of Tired/ Caus You Would'nt Let me Sleep Last Night/ I'm a Reasable Men/ But I can't Beleve what's on Your Mind...".
Et l'album est comme cela, très déprimant tout en étant pop. Déprimant et peut être un peu trop, disons que on se laisse facilement aller au fil des chansons, des chansons qui ne laisse aucun espoir. C'est la douce dépression, celle qui hante les films de Sofia Copola.
Shout Out Louds sera la musique de votre rupture estivale 2006, de cette musique que l'on écoute la tête posée contre la vitre d'un train, la lumière pâle frappant le visage, le paysage défilant devant des yeux sans vie, la pupille reflétant les derniers fragments de nature vierge... c'est l'expression d'un sentiment fort, monté par la retenue.
Alors se sont toujours les mêmes images qui reviennent à la charge, les mélodies enfantines, le bercement, la protection qu'offre la bulle musicale, des choses très agréables qui peuvent lasser au bout de cinq morceaux. Jamais désagréable, on peut juste avoir envie d'autre chose, de se faire un peu plus percuter sur cette musique.
Il faut écouter Shout Out Louds petit à petit pour vraiment l'apprécier, placer leurs chansons sur une compilation aux côtés de leur très voisin Sigur Ros, Cure et tout le fleuron pop intellectuel européen. Sigur Ros qui est vraiment très présent sur le morceau "Go Sadness" avec sa guitare monochrome. Shout Out Louds a un savoir faire, celui de dépeindre une foule d'impression avec une seule couleur.
Plus que l'album ce sont les chansons qui sont agréables. Sympathique hors mis la très insupportable introduction de "100°". Mais bon... Cela devrai ravir tout les inconditionnels des vacances dans le vent et sous la pluie.
Que les amateurs de biatch bronzée et de vacances homme saucisse ne s'inquiète pas, le prochain Peaches arrive et il leur sera tout à fait recommandé. Mais ça nous en parlerons la semaine prochaine.
|