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Interview  (Paris)  1er août 2006

Qui ne connaît pas Olivier Lejeune ?

Comédien, humoriste, showman, animateur, chroniqueur, chansonnier, auteur, scénariste, metteur en scène il a exploré tous les registres de l'écriture et de l'humour pour lui et pour les autres.

Cependant, c'est un jeune auteur dramatique puisque "Dévorez-moi !", une comédie à consommer sans méodération, actuellement à l'affiche du Théâtre du Gymnase n'est que sa seconde pièce après "Tout bascule" écrite en 2003.

Rencontre avec un homme extrêmement sympathique et disponible à la plume féconde, à l'humour ravageur et aux mille projets.

La première question que l'on vous pose concerne bien évidemment le sujet de la pièce qui défraie un peu la chronique, le cannibalisme puisque qu'un cuisinier sommé par un critique gastronomique de lui cuisiner de la chair humaine trouve sur internet une victime consentante. Posons-là sous une forme différente : peut-on, et éventuellement doit-on, rire de tout ?

Olivier Lejeune : On ne doit pas rire de tout. On ne doit pas rire de ce qui peut choquer des convictions profondes ou des souffrances personnelles tels la pédophilie, la maladie, la violence surtout sur les femmes. Le rire permet de dédramatiser et d'outrepasser ces feux rouges et donc il faut être vigilant. Pierre Desproges disait : "On peut rire de tout mais ça dépend avec qui".

Le sujet de "Dévorez moi !" est assez audacieux et dramatique. C'est un sujet fort, qui est aussi un sujet de société, et la difficulté résidait à éviter toute apologie du suicide, sujet éminemment grave, et qui a fait que j'ai failli renoncer à plusieurs reprises à ce projet d'écriture. Donc il fallait une transposition allégorique et ensuite, immédiatement, basculer dans la grande comédie qui fait vite oublier la morbidité du propos.

Un ami, qui est aussi un très bon auteur, Thierry Samitier, qui a écrit "Ta gueule je t'aime", m'a dit que cette pièce était dramatique et qu'avec les mêmes répliques on pouvait la monter sous une forme dramatique. Nous sommes tous très sincères dans notre façon de jouer mais notre but est de faire rire. Et en définitive, la morale, peut-être une morale à 3 francs six sous, est sauve puisque la victime retrouve la joie de vivre grâce à l'amour et le méchant est puni.

Il est vrai qu'en sortant d'un vaudeville plus classique tel que "Tout bascule", ma première pièce, la tentation est grande pour un auteur d'essayer de trouver un thème complètement inédit afin de ne pas réitérer un énième vaudeville. Cela étant ce thème a choqué certaines personnes. Sur dix spectateurs 8 sont enthousiastes et 2 sont plus réservés car le sujet est tabou. C'est toutefois une question de générations me semble-t-il car les jeunes sont enthousiastes. Quand j'étais gosse nous riions des blagues de cannibales quand le prisonnier cuisait dans la marmite. Ce genre de blague est passé de mode mais j'ai gardé ce vieil atavisme.

Le rôle très difficile de la victime consentante que joue Virginie Pradal de manière remarquable est un personnage très complexe. Elle le transpose fort bien et donne une composition étonnante qui gomme l'aspect morbide du sujet.

Jouer dans le drame serait tentant mais cela tendrait peut être vers le sordide. Nous restons donc dans le rire, le côté un peu clinquant, tout en gardant la caricature du milieu gastronomique des chefs et des critiques qui a connu un épisode incroyable que fût le suicide de Bernard Loiseau causé par la perte d'une étoile ! J'ai fait se télescoper ces deux thèmes.

Le pari est réussi vus la réaction de la salle et l'enthousiasme du public mais il y aura sans doute des mauvais coucheurs. Cela étant je le répète cette pièce ne fait pas l'apologie du suicide ou du cannibalisme. C'est une pièce un peu baroque et rocambolesque qui sort un peu du lot de ce que l'on peut voir actuellement au boulevard.

Vous avez évoqué votre première pièce "Tout bascule" qui date de 2003. La lecture de votre CV qui est….

Olivier Lejeune : …un annuaire…(rires)

…effectivement. Donc pourquoi avoir tant attendu pour vous colleter au format de la pièce ?

Olivier Lejeune : La raison tient à ce que, pendant très longtemps, pendant 25 ans, toute mon énergie créatrice a été aspirée par la télévision. J'ai eu la chance d'être maître d'œuvre d'une émission de 52 minutes en Belgique pendant 7 ans dont j'assumais intégralement l'écriture ce qui représentait un énorme travail. Avant j'avais eu en France "La classe" pendant 7 ans et "Le petit théâtre de Bouvard" durant 5 ans. Et puis j'ai écrit énormément de téléfilms policiers, de sitcoms et autres tout en écrivant aussi pour d'autres personnes comme Michel Leeb, Patrick Sébastien, Yves Lecoq.

A chaque fois je disais que j'avais envie d'écrire pour le théâtre mais je repartais aussitôt pour une nouvelle aventure télévisuelle. Et donc quand on m'a viré pour cause de jeunisme, je me suis mis à l'écriture de "Tout Bascule". Peut-être également n'avais-je pas auparavant la maturité nécessaire.

Cela étant le goût du sketch, de la phrase qui fait mouche, de la situation et de la fréquence du rire, je les ai acquis avec l'écriture des sketchs. Mais je regrette de ne pas avoir commencé plus tôt.

L'écriture des rôles est-elle faite sur mesure pour les comédiens qui sont vos partenaires ?

Olivier Lejeune : Elle l'a été en cours de route. Virginie Pradal et Thierry Beccaro, qui ont assuré avec moi la tournée de "Dévorez-moi !", m'ont fait l'honneur, la confiance d'accepter de me suivre sur ce projet qui a dû être mis en place avant que la pièce ne soit totalement achevée. Je les en remercie d'ailleurs. Thierry Beccaro n'a pu, en raison d'un emploi du temps estival chargé, être des nôtres au Théâtre du Gymnase mais Jean-Christophe Barc est un excellent cuisinier. Et puis il a une certaine ressemblance avec Bernard Loiseau. Donc ensuite, j'ai retaillé sur mesure les répliques. Et même actuellement nous travaillons toujours à l'amélioration du spectacle.

Vous parlez de l'avenir au plan des projets semble un peu prématuré mais en même temps comme vous êtes un boulimique du travail, avez-vous déjà repris la plume ?

Olivier Lejeune : Oui, tout à fait. Parce que je suis un laborieux qui met au moins un an pour écrire donc je ne veux pax être pris de cours ! Le sujet sera moins audacieux. Ce n'est pas que je regrette "Dévorez-moi !" mais quand on voit la réticence de certains directeurs de théâtre qui, sans voir le spectacle, ont opposé un refus uniquement à partir du thème, c'est dommage de manquer d'innovation. Car cette pièce en a sous le capot !

Pour "Dévorez-moi !", vous êtes auteur, metteur en scène et comédien. Ce n'est pas trop pour un seul homme ?

Olivier Lejeune : C'est peut-être trop. On apprend à tout gérer. J'ai rencontré des difficultés et je fais mon mea culpa. Je suis en progression sur ce point par rapport à ma première pièce et je pense que je serai parfait pour la suivante ! Quand je suis un peu fatigué et anxieux - car j'ai également la casquette de producteur - , je suis un peu préoccupé d'autant que j'ai envie que ça décolle très vite et très fort. Je dois avouer que j'ai eu beaucoup de mal à ne pas regarder mes partenaires jouer et à prendre du plaisir sur scène. Je pense avoir fait de réels progrès et j'en ferai encore.

Vous vous étiez dès le départ réservé le rôle du critique gastronomique ou aviez-vous envisagé de jouer le rôle du cuisinier ?

Olivier Lejeune : Je l'avais envisagé mais en même temps quand on écrit une pièce il faut plusieurs noms à l'affiche et il m'a paru que le rôle du cuisinier était plus alléchant (sic) pour un acteur.

Par exemple dans "Tout bascule", je ne jouais pas le rôle principal, rôle que j'ai repris ensuite en tournée. Pour "Dévorez-moi !", nous nous sommes amusés avec Jean-Christophe Barc à permuter nos rôles mais il est tellement le personnage du chef que cela aurait été une erreur de distribution de ne pas lui donner ce rôle.

Et puis je suis pour le bien être du spectacle. Je suis le plus heureux du monde quand j'entends la salle rire même si ce n'est pas moi qui fait rire. Une de mes qualités est la générosité sur scène et je vais toujours essayer de valoriser mes partenaires. Et s'ils ont de meilleures répliques que moi bien que j'en sois l'auteur et bien je me réjouis de les voir faire rire le public.

Vous avez également d'autres activités en relation avec le théâtre notamment l'animation d'un atelier de théâtre en Suisse et une action en milieu psychiatrique.

Olivier Lejeune : J'ai une fille qui depuis 9 ans souffre de psychomanie avec des troubles bipolaires. A l'époque alors qu'elle avait 16 ans et demi elle est entrée dans un monde complètement incohérent qui à défaut de traitements médicamenteux aurait dû faire l'objet de chocs électriques, seule thérapie possible, et qui pu bénéficier d'une nouvelle molécule venue des Etats Unis. Elle est restée hospitalisée un an et je faisais 1 000 km par nuit pour la voir dormir et lui insuffler un peu d'énergie.

Je me suis retrouvé tellement impuissant devant cette maladie mentale et ému par ces gens qu vivent en reclus dans les hôpitaux psychiatriques. J'ai été contacté par le directeur d'un hôpital qui avait eu connaissance du théâtre atelier que j'animais à Lausanne et j'ai aussitôt accepté pensant que je pourrai faire quelque chose pour ma fille par personnes interposées. J'ai réussi à monter un spectacle à Neufchatel avec de grands malades, chacun encadré par un infirmier car ils étaient atteints de pathologies lourdes sans espoir ni de rémission ni de retour à la vie normale.

C'était très émouvant car je voyais ma fille en filigrane. J'avais l'impression de pouvoir enfin jouer mon rôle de père. Et c'est sans doute la plus belle expérience de ma vie d'artiste !

 

A lire aussi sur Froggy's Delight :

La chronique du spectacle "Dévorez-moi"

En savoir plus :

Le site officiel d'Olivier Lejeune

Crédits photos : Thomy Keat (Plus de photos sur Taste of indie)


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