Alors que la sixième édition de la Star Ac commence à peine, il est bon de faire preuve d’optimisme flamboyant et de revenir sur une artiste qui a su tirer son épingle de cette grande messe médiatique décervelante servant essentiellement à remplir les espaces entre deux pubs pour les boissons gazeuses.
Olivia Ruiz, demi-finaliste de la première édition avait dès sa sortie priît ses distances avec l’académie de l’étoile en sortant un premier album J’aime pas l’amour.
Aujourd’hui, fort bien et judicieusement entourée, la demoiselle en est à son deuxième opus La femme chocolat et s’affirme un peu plus encore en tant qu’artiste à part entière.
Avec sa voix haut perchée et espiègle, Olivia Ruiz a eut la chance et l’intelligence de pouvoir travailler avec des auteurs qu’elle aimait faisant partie de la scène française alternative, poétique et réaliste.
Ainsi Juliette, personnage atypique de la chanson à texte a concocté "La petite voleuse", et Christian Olivier, chanteur des Têtes Raides, lui offre une chanson et sa voix pour le duo "Non-dits". Mathias Malzieu participe à la réalisation de l’album et lui signe trois chansons qui portent en elles un fort accent dyonisos-ien. On y retrouve des thèmes charnels et culinaires ("La femme chocolat", "Goutez-moi"), et sa fantaisie toute personnelle ainsi que son inséparable yukulélé.
Album très autobiographique, la plupart des chansons sont autant d’hommage à sa famille. Le livret accompagnant l’album fait d’ailleurs office d’album photo de tout ce joli petit monde.
Au travers de textes personnels et réalistes, Olivia Ruiz nous montre les cartes postales de son enfance, comme dans "J’traine des pieds" où l’on découvre l’ambiance du café de sa jeunesse, et "Cabaret blanc", composé par Christophe Mali, chanteur de Tryo, où elle évoque son père musicien dans les bals. Ce dernier l’accompagne d’ailleurs sur "La Molinera", une des deux chansons en langue espagnole, reflets de sa fierté de ses origines catalanes.
Elle ne signe les textes que de 4 des chansons de l’album mais les autres auteurs ont su parfaitement coller à la personnalité de ce petit bout de femme.
Coté musique, du trois temps de "La valse de Narbonne plage" à la country déglinguée de "Goûtez-moi", Olivia Ruiz se crée un univers fait également de rock, de guinguette, de fanfare, accompagnés de clarinettes, cuivres ou bien même scie musicale. Un grand melting-pot (au feu) musical qui donne un album diversifié tout en restant homogène.
Avec cet album, Olivia Ruiz est certainement parvenue à se débarrasser définitivement d’une certaine étiquette télévisuelle pesante. Elle n’avait pas gagné dans le château et c’est sûrement mieux ainsi car elle est maintenant devenue une artiste avec une propre personnalité malicieuse et attachante.
Comme quoi on peut toujours trouver "une fleur qui pousse dans le ciment". |