Alors que nous étions occupés à éponger La grande marée qui nous tombait dessus en ce mois d’août, Miossec nous présentait son nouvel album L’étreinte.
Annoncé depuis le mois de juin avec un single "La Facture d’Électricité", l’album est sorti le 21 août.
Christophe Miossec fait partie de notre environnement musical depuis 1995 et son album Boire. Suivront Baiser en 1997, A Prendre en 1998, Brûle en 2001 et finalement 1964 en 2004.
Très bon en live, Miossec effectue alors de nombreuses et longues tournées. Christophe Miossec s’est également illustré dans l’écriture de textes pour d’autres artistes : Jane Birkin, Johnny Hallyday, Juliette Gréco, Alain Bashung, Axel Bauer, Dani, Daran, Frandol et Mass Hystéria.
Pour ce nouveau disque, la première surprise commence par la pochette…Pour illustrer ses disques, il nous avait habitué à des portraits photographiques assez sombres (excepté A Prendre où il ne figurait pas sur la pochette). Cette pochette tranche véritablement : l’artiste brestois Paul Bloas dresse un portrait de Miossec (souriant) dans une avalanche de couleurs. Paul Bloas avait également travaillé avec Noir Désir (pour le film "Mada ; debout de terre & d’eau").
Par cette première impression visuelle, Miossec nous annoncerait-il un profond changement ?
Miossec habitant actuellement à Bruxelles, l’album y a été enregistré en majorité (ICP, Studio de la Dame Blanche) et quelques prises voix faites à Paris. L’album s’ouvre sur le premier single "La facture d’électricité", une chanson assez pop et très efficace. Le texte restant quant à lui dans l’univers de Miossec.
Vient ensuite l’intro au piano de "Maman", où Christophe se confie à sa mère sur un constat d’échec : "Je n’ai pas su devenir l’homme qui devait tant te plaire…"La Mélancolie" se rapproche plus des textes noirs d’avant "La mélancolie qui vient, qui cogne à la porte si souvent". Un texte magnifique accompagné d’une musique laissant une grande place aux cordes. La chanson dure plus de 5 minutes, ce qui est exceptionnel chez Miossec.
La musique de "30 ans" a été composée par Gérard Jouannest (mari de Juliette Gréco et ancien collaborateur de Jacques Brel), une très belle mélodie au piano. "Mes Crimes : Le Châtiment" est mon morceau préféré de l’album : les guitares bien présentes (tout en restant en son clair), un son très "pop", entraînant et un texte donnant, selon moi, une certaine idée de la liberté
Avec "Quand je fais la chose", on retrouve le style de l’album Baiser. "Le Loup dans la bergerie" est assez différente des autres chansons : une intro assez longue, une ambiance musicale assez pesante (piano et cordes), un duo avec Skye, la chanteuse des Valentins… bref, un titre un peu à part du reste de l’album. C’est la deuxième chanson dépassant les 5 minutes.
C’est au tour des guitares de "La Grande Marée" de nous envahir pour une superbe chanson où Miossec s’adresse de nouveau à une femme. Le plus beau texte de l’album…
"Je ne laisserai plus jamais ton corps
Au fil de l’eau dériver
Je deviendrai le sémaphore
Sur lequel tu pourras t’accrocher".
A travers "L’amour et l’Air", sur une musique de Daran, Christophe donne sa vision de l’amour :
"L’amour c’est plus lourd que l’air
Pas forcément nécessaire
Et parfois même ça rend idiot
L’amour c’est rudimentaire
Que les choses soient bien claires
On peut même y laisser sa peau".
Le début de la chanson "Julia" rappelle le titre de "Brest", issu 1964 et l’album se finit sur "Bonhomme". Ce titre clôt le changement, le disque se finit sur un ton optimiste. Une chanson très douce, ressemblant à une comptine enfantine.
Cet album surprendra peut être à la première écoute ( il m’a fallu plusieurs écoutes pour l’apprécier pleinement) mais, on s’aperçoit vite que c’est un très bon disque. Sûrement différent de ce qu’a fait Christophe par le passé. Cette "métamorphose" était malgré tout déjà commencée dans Brûle.
Le Brestois est devenu Bruxellois, il a changé musicalement et sûrement personnellement mais il reste avant tout un excellent auteur/compositeur (il a écrit toutes les paroles de l’album et signe 5 musiques seul). Miossec a peut être un peu perdu de son côté "rock’n’roll" mais il a gagné en émotions.
Reste à voir ce que ces nouvelles chansons donneront sur scène (le 1er décembre au Plan de Ris Orangis et le 3 décembre à la Cigale). Miossec ne nous laisse guère de doutes car l’ayant vu déjà 6 ou 7 fois, je n’ai jamais été déçu.
Dans "Julia", il chante "Je suis là pour un bout de temps, un sacré bout de temp" … c ‘est tout ce qu’on souhaite. |