Après une tournée marathon et quelques mois de repos mérité, les Hurlements d’Léo reviennent avec Temps suspendu, leur quatrième album.
Le groupe bordelais dont la réputation scénique n’est plus à faire, avait déjà marqué les esprits avec leur premier album sorti en autoproduit en 1999, le Café des Jours heureux. Ce premier opus leur avait permis d’imposer leur nom et leur univers. Suivirent deux autres albums, La belle affaire en 2002 et Ouest terne en 2003.
Il aura donc fallu attendre trois années de concerts (et la sortir du live HDL), de voyages, de pause, avant de retrouver la joyeuse bande. Le groupe a pris le temps de sonder les envies de chacun, de se questionner avant de repartir pour une nouvelle aventure.
Les Bordelais ont fait le choix de travailler leurs nouvelles compositions, chez eux, dans leur local, les idées et propositions des uns étant largement enrichies par l’apport des autres. Plus variés musicalement, laissant apparaître des sonorités plus rock ("Mon spectacle débile") voire reggae ("Icone.com"), les Hurlements prennent de la hauteur en s’appuyant davantage sur ce collectif de huit personnalités.
Les textes deviennent également plus personnels, les auteurs (Laurent et Erwan) n’hésitant plus à utiliser la première personne. Les histoires et les portraits des albums précédents laissent ici la place à des textes plus poétiques, parfois plus abstraits mais toujours aussi bien écrits, à l’image des titres "Temps suspendu", "l’Addiction", et "Des tigres et des panthères". Comme leurs camarades de Debout sur le zinc, l’apport de plusieurs chanteurs/auteurs est une véritable valeur ajoutée pour le groupe.
Autant le préciser de suite, Temps suspendu est album surprenant, qui s’apprivoise au fil des écoutes. Il convient de s’y plonger et de se laisser emporter par ce disque totalement abouti sur le plan de la musique et de l’écriture. Sur l’ensemble de l’album et plus particulièrement sur "I’m freak", la voix posée de Laurent est le complément parfait à celle plus gouailleuse et rocailleuse d’Erwan. La participation de Romain Humeau (magnifique sur le titre "Vipères aux poings" en duo avec Laurent) mais également celle de l’Allemande Kiki Sauer (17 Hippies) et de Perrine Fifadji (Aspo) contribuent également aux couleurs des différentes chansons.
Le rythme est peut-être moins lâché que sur les précédentes galettes mais les ambiances contribuent à la réussite de l’album. Le groupe s’est davantage intéressé aux arrangements, privilégiant les sonorités et l’instrumentation à la question de la scène et du son live. La dernière livraison s’inscrit pleinement dans la continuité artistique du groupe et dans son cheminement personnel. Les morceaux de Temps suspendu sont à l’image de ce groupe de huit potes : entiers, ouverts, complémentaires, hors frontières et hors carcan.
Pour les avoir vu en concert dernièrement, l’énergie, la spontanéité et l’engagement ne sont pas que de simples mots. Des hurlements de ce type, nos oreilles en redemandent…
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