D’aucuns comparent le combat militant du label toulousain Unique Records aux luttes de Dom Quichotte contre ses moulins.
Si la métaphore est louable, force est de constater que le travail de Unique Records depuis 5 ans ne brasse pas que de l’air. Et d’admettre un peu penaud qu’on peut être défricheur ailleurs qu’à Paris, sous le soleil de Toulouse exactement, le fief du label.
Ainsi, cette compilation, Just close to you, donne à entendre de bien belles épopées en forme de melting-pot où chacun choisirait ses ingrédients favoris, loin des soupes musicales pré-mâchées (!).
Du post-rock apocalyptique de Virga sur "Wad" aux pépites cinématiques de King kong was a cat sur "Rats", tout semble sentir bon chez Unique Records, le papier peint fraîchement posé avec des meubles avant-gardistes. La concession et le compromis honnis à jamais, l’auditeur se surprend à penser qu’un label peut encore être entreprenant, inventif et curieux.
Le travail d’un vrai label somme toute. Avec quelques bonnes retrouvailles, comme ce "Stein Waltz" de John Venture (mariage des groupes de Broadway et Angil), pouvant à l’occasion rappeler le travail des belges expérimentaux de dEUS sur ses combinaisons musicales. Angil, qui justement ouvre le bal de la compilation avec un "Christmas" du meilleur effet, obsédant et simple, sombre et magique. Qui peut encore signer le génie artistique aujourd’hui ?
Un melting-pot, c’est également plusieurs parfums qui reviennent sur le palais au fur, et à mesure. Et la joie de réentendre la folk pianistique des belges de Half Asleep sur "About Sand" ne donne qu’une envie, remettre "Seated in profile" sur la platine et contempler par le fenêtre les avions du ciel qui passent. Les artistes s’enchaînent, unis par leurs différences, bande-son d’une radio idéal où programmateurs et auditeurs s’embrasseraient au son de "Answering machine song" de Del, pop bricolo pour gens pas manuels pour deux riffs. Si l’écoute de Just close to you fatigue sur la longueur, chaque titre représentant un univers tellement différent, le pari est néanmoins réussi. Pas d’artifice ni de surproduction outrancière, la mélodie prime et sort grandie à tous les coups. (Comme ce bluffant "Rockprog" de Melatonine, version noire expérimentale de Franz Ferdinand, une bonne version donc…). Quelques bonnes surprises plus loin comme Lunt, inconnu jusqu’alors, on se dit que oui, cette musique est juste près de nous. Près du cœur.
Ah oui. On aurait pu l’oublier, mais tous ces artistes font partie du label Unique Records, plus près de chacun, comme le titre de cette compil’ l’indique. Une manière de couvrir la forêt des labels sans boutures avec ce végétal polymorphe. Le principe de la photosynthèse, avec Unique Records, marche plus que jamais.
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