Tragi-comédie de Henry de Montherlant, mise en scène de Sylvain Ledda avec Gaetan André, Séverine Cojannot, Sylvie Degryse, Hélène Denis, Mathieu Desender, Idriss, Olivier Meurville, Sacha Petronijevic et Franck Sanna.
La pièce commence avec le retour de Don Juan à Séville en compagnie de son fils Alcacer, qui lui sert de rabatteur, contemplant le lieu de ses exploits passés : "S'il y avait une stèle commémorative à chaque endroit où j'ai fait une femme sur cette place, on ne pourrait plus y marcher". Toujours prêt à séduire, Don Juan apparaît davantage comme un bouffon.
Car Henry de Montherlant s'est emparé du mythe moderne de Don Juan, personnage né sous la plume de Tirsode Molina en 1630, pour le "retourner" et en faire un obsédé sur le retour ("Les Don Juan de jadis étaient des damnés ; celui-ci est un obsédé ; en cela encore bien moderne.") qui mourra, selon l'expression triviale, "de sa belle mort", une belle mort ne venant qu'au terme de l'infâme période du vieillissement.
En effet Don Juan ne périra pas du courroux divin parce qu'il a transgressé les lois divines et humaines puisque Montherlant se dit athée. Et "La mort fait le trottoir". Aimer jusqu'à la mort dans une fuite éperdue burlesque et pathétique au cours de laquelle il croise des figures fantoches, telle celle du Commandeur, à laquelle Idriss donne une belle couleur comique. A l'instar de "Malatesta" écrit 12 ans plus tôt, Don Juan devient l'avatar de Montherlant : être soi-même jusqu'à l'anéantissement.
Sous la houlette de Sylvain Léda, Sacha Petronijevic est tout à fait remarquable dans le rôle de Don Juan auquel il donne une intensité à la fois dramatique et grotesque face à une distribution cohérente de laquelle se dégage une belle énergie. |