La sortie d’un live est toujours en soi paradoxale, mélange de bons sentiments et de réchauffés. Quoi de plus fade que d’entendre les applaudissements d’un concert passé ?!
Oui mais dans le cas de Birdy Nam Nam, il en est autrement, car le cassique des cassiques, un concert avec instruments live, est ici dépassé, transcendé par la présence des quatre turntablits bardés d’honneur qui composent les Birdy.
On ne peut s’empêcher de penser au Kraftwerk derrière leurs quatre synthés vingt ans plus tôt, période Trans music expresse, comme la représentation synthétique d’une musique organique. Le contraire peut-être.
Bref, ce CD-DVD live de Birdy Nam Nam ressemble à s’y méprendre à une consécration, celle d’un groupe content comme un gosse de se retrouver là, ce soir, devant un parterre de gens prêt à accepter un autre mode de live, où chaque piste n’est pas jouée par un musicien, mais un scratcheur. Sur disque, sans doute moins qu’en live, le résultat est bluffant, rivalisant avec les meilleurs du genre, Herbaliser et Sayag en tête, mélange hybride de trip-hop, jazz, electro, world, pop, ska…. Birdy trompe son monde des l’ouverture avec un Abbesses clinquant et rutilant.
Et l’enregistrement nickel chrome permet à chacun de se replonger dans la soirée sans aucun état d’âme, comme sur le très bon "Violon part2", puissant et syncopé, qui pourrait même évoquer Ghinzu dans ses accords piano. On en aurait presque oublié qu’il n’y a aucun musicien sur la scène de la Cigale, juste du scratch, mais la réduction est à bannir ici, car du talent, il y en a. A revendre. La partie CD est également l’occasion de réentendre le très "engagé" "Too much skunk tonight", loin d’être un coup fumant.
Un très bon album dans le genre, en dépit de la partie DVD un peu faiblarde qui voit le groupe en plein préparatif du concert, arpenter la salle, en pleine repet backstage, déambuler sur le Boulevard Rochechouart… Jammer avec un passant sur des drums…
Quelques fois la partie cachée du spectacle devrait le rester. Et rien de croustillant ne semble surgir à l’écran, si ce n’est l’incontestable plaisir de nos quatre scratcheurs à se retrouver ici. |