Quelques semaines seulement après leur passage à la Boule Noire, The Blood Arm sont redescendus sur terre à la Flèche d’Or avec des refrains par milliers dans leurs boots.
Si l’affaire semblait entendue à l’écoute de Lie lover lie, brûlot incendiaire pop rock à la Louis XIV ricain, l’analyse se corse en live, car comme leurs compères de Franz Ferdinand, la bande de Nathaniel Fregoso déploie sur scène une énergie folle. Une envie d’en découdre avec les jeans slim et les groupies qui les portent. Les subissent peut-être.
Ainsi donc, le live de The Blood Arm est brutal et, pardon de la comparaison binaire, parvient comme Franz à imposer ses refrains et gimmicks simplistes et viscéraux. "Accidental Soul" débute et le public sous le charme cède aux tentations du bellâtre, sosie de Morrison Jim dans l’attitude (et les kilos superflus). Qu’importe, les californiens distillent un pop-rock totalement américain, straight to the point, qui touche au but sur "Suspicious character", avec ce genre de mélodies qui collent à la peau comme les méduses en été à la Baule. “I like all the girls/And all the girls like me” clame Nathaniel, et l’on sent les plus jeunes très humides dans leurs soutiens-gorge.
Même pour les rockers les plus blasés, l’aventure semble intéressante, marquée par un "Angela" carrément chanté assis au milieu de la foule par un Nathaniel crooner, sorte d’Adam Green de la côte Ouest. "Ceci est la plus belle chanson d’amour de tous les temps" plaisante le chanteur, certaines têtes approuvent, d’autres dodelinent, le public est bien. Avec son introduction à la Supertramp, "The Chasers" casse les derniers préjugés, The Blood Arm est un putain de groupe de scène, emmené par un clavier exemplaire, ponctuant la mélodie de richesse et de contrepoint.
Après un "Do I have your attention" un peu convenu, The Blood Arm retrousse ses manches et envoie la sauce avec un "Ps I love you but I don’t miss you" à grande envergure, confirmant finalement que le rock américain n’est pas encore six pieds sous terre.
Sauvage, brut sans décoffrage, The blood arm finit son set avec un chanteur littéralement possédé, debout sur le bar, criant que c’est le plus beau moment de sa vie, là, à l’instant présent.
Une manière de jouer avec les mots, une façon d’être qui rappelle étrangement plus les Doors, avec une sublime Dyan Valdes aux claviers en guise de Manzarek, que les Franz Ferdinand à qui ils sont souvent comparé. Well done The Blood Arm… |