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Antichambre  (EMI)  janvier 2007

L'écriture demande une certaine discipline, un goût du travail qui ne m'est pas naturel. Il faut écrire, avoir la phrase juste, le vocabulaire approprié pour raconter l'histoire. Pourquoi les gens lisent-ils ? Pour connaître l'histoire, car l'écriture reste le meilleur moyen de vivre les choses... hormis les vivre vraiment. Et je suis fainéant, terriblement fainéant. Cet article va me demander un vrai effort, car il est important.

Là ce n'est pas une blague d'un album rock indé dont tout le monde se fout. Non là ce sont les Naast ! Oui dit comme ça ça fait assez blague. Pourtant ils me semblent importants. Et il va falloir déterminer pourquoi, et comment, et vers où ils vont.

Car qui lit encore les signatures au bas des articles? Qui se soucie des rédacteurs et ne s'intéresse pas exclusivement au fait. Qu'est ce que les personnes un tant soit peut interloquées par les Naast veulent savoir sur ce groupe. S’ils sont vraiment des petits cons bourgeois prétentieux, si ils ont été pistonnés, s’ils sont une imposture.

Nicolas Ungemuth a déjà répondu à toutes ces questions. Son laïus me semble bien suffisant bien que je n'irais pas jusqu'à écrire "Les Naast sont le rock", ni même qu'ils sont rock. Ce sont des phrases qui m'échappent bien trop pour pouvoir les concevoir. Les attachés de presse espèrent qu'ils auront de bonnes critiques, que leur album sera bien accueilli. Mais ils ont déjà eu les honneurs de tout ce que l'on peut espérer : Rock & Folk, Tecknikart, Inrockuptibles.

Car les gens les détestent... et les raisons semblent évidentes. Les gens les détestent pour les mêmes raisons que d'autres les aiment : ils touchent à quelque chose qui nous est cher. Voir ces jeunes sur une couverture de magazine, on pénètre dans l'impalpable, le groupe qui passionne, la "way of life". Des iconoclastes malgré eux,... ou c'est ce qu'ils veulent faire entendre.

La musique est une religion, un culte dur d'ou l'on peut être rejeté très vite, avec des concessions énormes et des codes très précis. Les Naast ont les codes. Leur trousseau est conséquent, ils font de la musique à guitare, structure pop, des chansons avec des textes et des slogans, des fringues dignes de ce nom, ils ont de l'allure autrement dit. Oh oui, de l'allure. La frappe en devient chirurgicale ; le dandy est celui qui ne laisse passer aucun détail.

Ce sont des rêves de petit garçon, être un dandy, c'est être un pirate, un cow boy, être un chevalier, être sans concession. J'ai fait une interview d'eux, même plus. J'ai passé une soirée avec eux. Ils m'ont emmené avec mon Docteur, Monsieur Durand, ils nous ont emmenés avec eux à la TV, Direct 8, le jour de la sortie de leur album. Puis j'ai passé le reste de la soirée avec Gustave.

Ils voulaient fêter la sortie de leur album, même si on a passé notre temps à parler de dandysme et des réalités du microcosme musical. Pas une discussion mondaine... une discussion mesurée, en forme de combat, mais un combat agréable. Quelque chose de plaisant en fait... mais je n'aurais pas rêvé de ça pour fêter la sortie de mon premier disque.

Les Naast nous ont donc accueilli pendant une dizaine d'heures, et pas toléré, mais vraiment accueilli. L'impression de connaître ces gens depuis toujours, des vieux potes avec lesquels l'on s'amuse, rien de plus. On en avait tellement entendu sur leur sujet, que leur profonde sympathie, leur politesse et leur humour en semblaient étonnant. Comme l'on peut être con parfois, se sentir con devant des gens qui sont juste bien. Humainement, des gens plus que recommandables donc, avec des caractères bien arrêtés, qui savent ce qu'ils veulent. Ils veulent faire de la musique, ont arrêté leurs études pour, on se retrouve à la "way of life".

Première réponse de pourquoi les Naast sont importants. Il faut donc parler de leur culture maintenant. Il faudrait juste dire qu'ils en ont, mais pas juste les Stooges, le MC5 et puis... Can. Non... ils sont allés plus loin que le dépouillement garage 60. Chacun leur truc. Fouillés les arrangeurs, les groupes fifties et écouté Coltrane à 16 ans (pour Nicolas batteur), c'est déjà quelque chose. L'élégance de la culture. Tout comme cette discussion sur les origines pied noir des Mods Londonien. Une histoire de tailleur de costumes et de tissu précieux. Quel gamin de 18 ans vous a déjà dit que les Mods venaient d'Algérie? Moi on m'en avait jamais parler.

"Pour être honnête il faut être hors la Loi". Gustave répète cette phrase d'une obsession redondante. A croire qu'il se demande jusque où lui même doit aller. Leur personnalité est détonante. Si les trois autres sont pausés et rassurants, Gustave est une électron libre, très dur à suivre, utilisant le troisième degré (bien qu'il dit ignorer son existence, preuve même de troisième degré). Sa présence est un danger.

Il donne cette impression dérangeante que l'on ne sait pas, on ne sait pas où il veut en venir, quel est le fond de sa pensée. Et durant l'interview conventionnelle, c'est essentiellement lui qui va répondre, partant dans des concepts pour la plupart embrouillés, les autres le regardant avec le sourire. Ils ont l'habitude, en rigolent... recadrent la réponse quand cela en devient vraiment nécessaire. Pas des garde fous, des amis.

"Mais on a pas eu le temps de parler de l'album, t'en pense quoi?" Quelle question embarrassante, quand les rôles s'inversent. Moi, apprenti rock critick, qui n'a aucun poids, aucune légitimité, aller lui expliquer que je trouve l'album sans personnalité profonde. Car oui, pour moi cet album manque d'un son percutant, une identité Naast, une mystique des ambiances. Une ambiance tout simplement. J'adhère aux orgues, le Farfisa, les claviers. Voilà des sonorités dont le grand auditoire n'a plus l'habitude. Mais le reste, les guitarex, les choeurs, les voix... je ne sens pas forcement le blues ou le relief. Et pourtant il y a beaucoup à sauver de cet album, ne serait-ce que les chansons elles mêmes. De vraies chansons, avec de beaux ponts, des vrais refrains et des paroles étonnamment travaillées.

Il n'y a rien de très épique chez les Naast, si ce n'est leur concert. Des concerts comme des combats. Mais pas cet album dont la pochette ne parle pas. "Cette pochette c'est nous avec nos habits de tous les jours". Mais pour moi cette pochette c'était mettre l'accent sur leur jeunesse, leur juvénilité même. L'explication, elle m'est lancée comme bien plus réfléchie : "A l'époque de My Space ou les gens se prennent en photo comme ça, spontané, les appareils photos sur les portables, et s'en servent pour illustrer la musique... la c'est faire le chemin inverse". Les Naast font partie de la génération internet. C'est ce que le Point aurait pu titrer. Ils se sont fait toute leur culture par internet, "des fils sur lesquels on tire". Ah oui, le MP3 et le Peer To Peer, un truc que j'ai jamais vraiment compris. Moi qui aime les albums, eux m'ont battu de vitesse... ils sont vifs. Voilà tout.

Ils sont vifs et conscients. Conscient de ce qu'il leur arrive. Certainement, ça doit même les faire sacrément flipper. Les gens détestent les Naast à la TV, c'est peut être parce que eux mêmes ne l'aiment pas vraiment. Le stress, le "que nous veulent tous ces gens, nous on joue de la musique". Oui, la réponse de tout musicien après tout. Mais il en est que le rock est une histoire de scribouillard. Ecrire le mythe, l'analyser, mais tout simplement le créer de toute pièce. Comment définir quelque chose de plus puissant que toute chose sensible, une sensation divine, un cadeau de Dieu.

La musique est tellement déterminante que l'on ne peut pas croire "on joue seulement de la musique.". Entre ça et des coïncidences heureuses, la musique semble dirigée de la main même de Dieu. Et au rock criticks de se prendre pour des apôtres, ou des théologiens. Et oui, nous sommes les seuls à pouvoir comprendre le dogme. Cela nous donne une contenance certaine.

Mais les Naast sont jeunes, et cela les dépasse vraiment. Cette conversation sur le dandysme en est la preuve même. Gustave ne reçoit pas ma théorie du dandy baisant le monde entier, brûlant les étaped pour sa propre ascension. Pourquoi ne veut-il pas y adhérer? J'imagine que ces gens sont à la recherche de pureté, de l'honnêteté du geste. Seuls les gens sans concession devraient être récompensés. Des gens sans concession. Leur musique n'en fait pas. Ce sont des chansons sur les jeunes filles, en accord mineur, rythmique appuyée, les grandes lignes scandées comme des slogans. Une musique honnête. Pourtant les Naast court-circuitent le système.

Ils ont hissé la génération née dans les années 90 à une place bien haute. Ca alors que leurs aînés de 3 ans n'ont pas encore trouvé leur place. Et ce sont des cinquantenaires qui les poussent au cul. C'est à ne plus rien comprendre. Dans la théorie des générations, cela n'a aucun sens. C'est même un bouleversement naturel. Dans ce cas les vintenaires d'aujourd'hui seront soutenus par les trentenaires... c'est à ne plus rien y comprendre.

Mais je crois en eux, quand on voit leur volonté, je crois en eux. Quoi que la règle des cycles joue contre eux, qu’un mouvement musical survit difficilement à trois ans d'existence, et voilà trois ans que ce mouvement est vraiment amorcé, que l'on est aujourd'hui au moment décisif des sorties d'album et que cela pourrait bien leur être fatal.

Mais les Naast peuvent faire de grandes choses, être l'influence majeure de la prochaine génération de groupes français, écrire le grand concept album des années 2010, juste renverser la tendance de tout le rock & roll mielleux français. Enfin des gens qui ont des influences dignes de ce nom. Ils réunissent plusieurs générations autour d'eux.

Car c'est le point culminant de cette histoire, les Naast sont un tableau baroque, plein de fureur et de passion, véritable tenant du sang noir. Je vous offre ce pot pourri de photos mentales. Gustave et Nicolas sur le plateau de Meeltin Pop, répondant désabusés à des questions, alors que Lucas et Clod se baladent dans les couloirs, revenant d'une expédition psychédélique de repêchage de guitares, Durand vomissant dans les toilettes de la chaîne de TV et moi même jouant aux fléchettes sur les portes d'ascenseur, espérant de tout mon coeur que les portes s'ouvrent.

Imaginez la rencontre des L5 avec le chanteur de SInsémilia comme troisième plan de cette image. Imaginez une grande loge sans lumière, avec de grandes banquettes blanches et Puteaux s'étendant sous vos eux, et dedans quatre personnes ne parlant pas, appréciant juste le moment qui s'offre à elles. Imaginez un taxi noir, et un voyageur parlant de sa quête, d'une femme mystérieuse qu'il a tout fait pour rejoindre, et d'un chauffeur interloqué, croyant de bon ton de partager ses expériences. Imaginez une rencontre, partageant son affection pour les mêmes vieilles personnes hantées... hantées. Peu à peu s'organise la brise.

 

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Articles : La Nouvelle scène rock parisienne : Parisians - The Naast - Second Sex - Violett - Brats - -
Naast en concert au Festival Art Rock 2007 (Vendredi)

En savoir plus :

Le site officiel de Naast


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# 13 septembre 2020 : On ira où tu voudras quand tu voudras

Cet été indien qui s'annonce n'est pas désagréable et apporte un peu de joie dans cette année bien triste. Plus modestement, voici notre sélection culturelle de la semaine pour vous réjouir, espérons-le, avec évidemment le traditionnel replay de la Mare Aux Grenouilles #10 toute fraiche

Du côté de la musique :

"Transience of life" de Elysian Fields
"Cerna vez" de Thomas Bel
"Bandit bandit" de Bandit Bandit
"Twins" de Collectif La Boutique
"Run run run (hommage à Lou Reed" de Emily Loizeau
Emily Loizeau en concert au CentQuatre
"Papillon blanc" de Gabriel Tur
"Dix chansons naturelles et sauvages" de Hugo Chastanet
"Both sides" le spectacle de Jeanne Added au CentQuatre
et toujours :
"Comme un ours" de Alexis HK
"Love songs" de Inflatable Dead Horse
"Charango" de Lisza
"Woman Soldier" de Morgane Ji
"Beethoven : Waldstrein & Hammerklavier" de Théo Fouchenneret

Au théâtre :

les nouveautés :
"Bananas (and the kings)" au Théâtre de la Reine Blanche
"Le Nez" au Théâtre 13/Jardin
"Un conte de Noël" au Théâtre Gérard Philippe à Saint-Denis
"Un Ennemi du peuple" au Théâtre de Belleville
les reprises :
"Edmond" au Théâtre du Palais Royal
"Une Ombre dans la nuit" au Théâtre du Guichet-Montparnasse

"Derniers coups de ciseaux" au Théâtre des Mathurins
"Noire" au Théâtre du Rond-Point
"Mon dîner avec Winston" au Théâtre du Rond Point
"Elisabeth Buffet - Obsolescence programmée" au Grand Point Virgule

"Alexandra Pizzagali - C'est dans la tête" au Théâtre du Marais
"Olivia Moore - Egoïste" à la Comédie de Paris
et les spectacles déjà à l'affiche

Expositions :

"Yves Klein, l'infini du bleu" à l'Atelier des lumières
"Le Monde selon Roger Ballen" à La Halle Saint Pierre
"Otto Freundlich - La révélation de l’abstraction" au Musée de Montmartre
"Turner, peintures et aquarelles - Collection de la Tate" au Musée Jacquemart-André
"Harper's Bazaar, premier magazine de mode" au Musée des Arts Décoratifs
"Christan Louboutin - L'Exhibition[niste]" au Palais de la Porte Dorée
"Cézanne et les maîtres - Rêve d'Italie" au Musée Marmottan-Monet
"Coeurs - Du romantisme dans l'art contemporain" au Musée de la Vie romantique
les Collections permanentes du Musée Cernushi
"Helena Rubinstein - La collection de Madame" et "Frapper le fer" au Musée du Quai Branly
"Monet, Renoir... Chagall - Voyages en Méditerranée" à l'Atelier des Lumières

Cinéma :

en salle :
"Les Choses qu'on dit, les choses qu'on fait" d'Emmanuel Mouret
"Adolescentes" de Sébastien Lifshitz
at home :
"Vers un destin insolite sur les flots bleus de l'ete" de Lina Wertmüller
"Volt" de Tarek Ehlail
"Les Héritiers" de Marie-Castille Mention-Schaar
"Les Guichets du Louvre" de Michel Mitrani
"Chambre 666" de Wim Wenders
et des curiosités:
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