Monologues écrits et interprétés par Julien Daillère, mise en scène de Rémy Cortési.
Des cris d'enfants évoquent les cours de récréation. Le rideau se lève et une petite fille apparaît en ombre chinoise. C'est la petite fille moche. Elle s'appelle Océane, un prénom qu'elle n'aime pas parce qu'il évoque la salade de thon. Elle sait qu'elle est moche mais se console en se disant que quand elle sera vieille elle ne sera simplement une vieille dame puisque tous les vieux sont moches.
Elle parle des autres enfants qui l'entourent et qui vont aussi venir raconter leur histoire, la bigleuse, la malgache adoptée, le garçon qui ressemble à une fille, la jolie petite fille au cerveau de petit pois et d'autres encore. Des enfants cruels et lucides, qui ne sont pas vraiment heureux face à la différence et à l'intolérance.
Avec le concours du psychothérapeute Remy Cortesi, ce spectacle parfois drôle, souvent poignant, plonge avec réalisme au coeur des malaises et des émotions vécues par les enfants et il a manifestement une vertu cathartique et sans double thérapeutique au niveau subliminal.
Julien Daillère réalise une prestation qui doit être saluée. En tant qu'auteur. "Les contes de la petite fille moche" dressent des portraits de jeunes enfants à la fois justes et émouvants. Car l'enfance n'est pas obligatoirement un paradis dont le sol est jonché des roses joies de l'âge heureux. Ce peut être un enfer, même structurant, mais un enfer tout de même avec ses souffrances.
En la forme, en présentant une création très personnelle et singulière avec le jeu des masques, des épures en plâtre blanc tous identiques, différenciés par le seul regard, à la fois fascinants et effrayants, qui instaure la distanciation nécessaire à la représentation théâtrale.
Enfin en tant qu'interprète puisqu'il est seul sur scène pour incarner tous les personnages au terme de changement à vue. |