Bien qu’assez éloigné et peu pratique à rallier, les Mains d’Oeuvres de Saint-Ouen s’affirment chaque jour un peu plus comme une des toutes meilleures salles de la capitale, notamment réputée pour accueillir les prestations françaises d’artistes se rangeant sous la bannière antifolk. Et d’antifolk, il est justement question ce soir avec la venue du pape du genre, leader de feu The Moldy Peaches, le génial Adam Green, que l’on découvre vautré sur un siège à l’arrière de la salle avant le concert.

Vu de près, il ne ressemble en fait pas tant que ça à Julian Casablancas. Fidèle à l’esprit d’équipe du mouvement, le New-yorkais n’a pas fait le déplacement seul et a pris soin de mettre dans ses valises deux autres artistes : Stars At My Desk et Labolduc. Le premier (au look vaguement proche de Billy Corgan) délivrera un set seul à la guitare électrique, créant des ambiances malsaines et torturées à mi-chemin entre noisy pop et lo-fi : excellente entame de soirée.

La suite, avec Labolduc, sera, au niveau du style, beaucoup plus proche de ce que le public est venu chercher ce soir, d’où son enthousiasme dûment manifesté. Simplement armé d’une guitare sèche (deux en fait), le jeune barbu canadien commence son show par un titre irrésistiblement crétin en français avant de poursuivre dans la langue de Jack Kerouac dans un style rigoureusement identique. Une trop courte mais rafraîchissante demi-heure de show émaillée de deux reprises hilarantes de "Public Enemy" et de "Corrina Corrina" et ses harmonies vocales dignes de celles de "Dampkring". Le public étant, comme souvent ici, assis à même le sol, favorisant ainsi la communication entre spectateurs et artistes.

Vers 22 heures, le déjà cultissime, Adam Green traverse la foule guitare à la main pour prendre d’assaut la petite scène de Saint-Ouen et attaquer un set essentiellement dévoué aux titres de son nouvel album à paraître dans un mois. Les chansons sont courtes (rarement plus de deux minutes), les paroles géniales (ou bien ridicules, c’est selon les goûts), le Moldy Peach peine un peu à les jouer mais il est touchant de sincérité et c’est là l’essentiel.

Après trois quarts d’heure, il remercie la centaine de personnes (privilégiées) ayant fait le déplacement, pose sa guitare, redescend de la scène pour y revenir une fois arrivé au milieu de la salle, pour un ultime titre. Tout simplement une des meilleures prestations vues cette année même si l’on peu t déplorer sa brièveté.