Angoissantes, mélancoliques, atmosphériques … Ou comment définir en quelques adjectifs les atypiques compositions du combo américain Calla.
Suite à un déménagement depuis le Texas vers la grosse pomme, une lente évolution semble s’opérer. Evolution matérialisée par l’étonnamment accessible Collisions en 2005, leur plus grande réussite pour l’époque. Qu’allait réserver la suite ? Calla allait-il confirmer ce virage pop-rock ou bien Collisions n’allait-il être qu’une parenthèse dans leur discographie ?
Réponse le 26 avril avec l’arrivée dans les bacs européens de son successeur : Strength In Numbers. Autant faire preuve de franchise, les premiers contacts avec cette nouvelle réalisation s’avèrent particulièrement décevants tant les new-yorkais donnent l’impression d’avoir baissé la garde au profit d’une écriture plus accrocheuse et moins torturée.
Véritable marque de fabrique, les moments de grâce aérienne sonnent souvent téléphonés, comme trop prémédités … Sans parler de cette apparente volonté de recycler des thèmes déjà développés sur leurs précédents efforts.
Cependant, les écoutes successives, intervenant après une longue mise à l’écart, démentiront en partie ces impressions initiales. Certes, Strength In Numbers marque un coup d’arrêt dans le défrichage musical entamé auparavant mais recèle de notables moments de bravoure : "Sleep In Splendor", "Sylvia’s Song" et surtout "Rise". Sans oublier la subtile progression de "Dancers In The Dust" en clôture.
D’autres motifs de satisfaction sont à chercher du côté de bizarreries telles que le court "Malo" d’inspiration Explosions In The Sky ou encore la néo-psychédélique "Stand Paralyzed", voyant la séquence finale de "Full Metal Jacket" remise en musique par les Dandy Warhols première époque. Les seuls faux pas arrivent en toute fin avec "Le Gusta El Fuego" et "Simone", lesquels auraient gagné à être ôtés de la tracklist finale.
Véritable élément différenciant de Strength In Numbers, la production se veut particulièrement rock voire parfois rentre dedans, au niveau de Calla on s’entend. D’un côté, le groupe gagne en efficacité mais perd inévitablement en émotion tant au niveau des riffs torturés ou des lignes claires qu’au niveau de la voix d’Aurelio Valle, tour à tour désespérée ou minimaliste. Seul point positif sur ce plan, le groove tout aussi impeccable qu’imposant des parties de basse ("Sleep In Splendor") dignes de celles de "Scavengers".
En synthèse, Strength In Numbers pourrait être le Goo ou le Dirty de ses auteurs : tout à fait réussi, forcément un poil décevant pour les vieux fans, mais au final une arme idéale pour accéder à une reconnaissance plus large. |