Comédie dramatique d'Harold Pinter, misen en scène de Didier Long avec Robert Hirsch, Samuel Labarthe et Cyrille Thouvenin.
"C'est l'histoire de deux frères qui engagent un gardien." Voilà résumé, par Harold Pinter lui-même, "Le gardien" l'un des premiers grands succès, à la fois critiques et publiques maintes fois joué depuis sa création en 1960.
C'est simple, concis et sans intrigue. Un huis clos entre trois paumés, trois handicapés de la vie, à des titres divers, rescapés qui s’accrochent à une pièce sordide, vétuste, pleine d’objets hétéroclites, et qui pourtant vont évoluer dans un terrifiant jeu de pouvoir.
N’ayant plus que la parole, ils vont, à l’instar des clochards qui passent leur temps, entre deux saouleries, à gloser sur la vie et le monde, ils expriment leurs délires et leurs perversité irrationnelle. Chacun a son fou et son tyrannisé comme chacun trouve un jour son bourreau.
Pour Pinter, la vie est la vaste scène d’une tragi-comédie écrite à l’avance dans laquelle l’homme à l’identité sans importance se
Le texte de Pinter, corrosif mais aussi plein d’humour, nous entraîne dans les arcanes de l’âme humaine dont la misérabilité n’a d’égal que la méchanceté.
Didier Long a opté pour une vison réaliste de cette tragédie de la cruauté faisant, ou laissant de fait, la part belle à la composition de Robert Hirsch. Mais celui-ci compose-t-il vraiment ou le masque s'est-il collé au visage de cet octogénaire à la frêle silhouette de farfadet vacillant qui incarne un nomade baroque, toujours empli de tics, et se laissant parfois aller à l’hallucination créatrice ?
Face à ce monstre du théâtre, Cyrille Thouvenin, en maniaco-dépressif, et Samuel Labarthe, en psychotique généreux, tirent habilement leur épingle du jeu par une interprétation exemplaire.
|